Bienvenue à l’hôtel Africa :
Bonjour et bienvenue à l’hôtel Africa, fief retiré dans l’Amérique profonde des années 1960, où un charmant bambin couleur chocolat craquant, prénommé Elvis, vit avec sa mère et sa grand-mère, toutes deux blanches comme l’apprécie le conformisme retardataire des villageois de cette contrée. Une paire de lunettes de grand voyageur sur la tête, Elvis, intrépide et vif, grandit à travers deux écrans : celui de la télévision, le tube à images et merveilles qui le captivent tant, et celui qui défile aux passages de chaque client, généralement haut en couleurs et en vécu. Rencontre avec l’instinct et la poésie indienne, retrouvailles qui font remonter à la surface de sombres ou lumineux souvenirs, b(amours inavouables de Roméo et Juliette modernes,]b bravoure inconsidéré de jeunes damoiselles qui bravent le ciel et la mort…Elvis met en corrélation sa vie actuelle d’étudiant en cinéma avec son enfance dans cet hôtel décalé et atypique, où l’on aimerait tous un jour déposer ses valises pour prendre un thé chaud avec un pancake fait-maison.
Un coup de cœur : ni plus ni moins !
Graphiquement, narrativement, émotionnellement, j’ai été séduite, voire conquise, par ce manwha bonheur. L’auteure, pleine de talent, dépeint des personnages, que la vie a parfois égratigné, mais toujours avec une joie communicative dans le récit. Le décor US, dans le style « Bagdad café », nous prend, nous happe et nous propulse dans le monde de l’attendrissant Elvis, rempli de tolérance et d’entraide. Ce livre est intergénérationnel, ouvert aux lecteurs ou lectrices, s’adressant à ceux qui aiment actuellement, n’aiment plus comme avant et aimeront bientôt de manière inconsidéré. Un petit bonheur qui débarque de Corée en 6 actes. J’en ai déjà dévoré 1…avec plaisir, 2…avec bonheur, 3…bientôt et je ne serai pas encore rassasiée, tant des traits fins et des mots choisis peuvent apaiser.
Emilie Genévrier