Un bail que je dois vous parler des travaux de la demoiselle d'honneur de Six Feet Under… j'imagine que ça constituera une parfaite remise sur pieds doigts.
Niveau cohérence, ce fut précisément six pieds sous terre que la série éponyme débuta. Souvenez-vous : les anthologiques cinq minutes d'ouverture, qui retraçaient d'une fort cocasse manière les ultimes instants de l'extraordinaire Nathaniel Samuel Fisher, laissaient brutalement place à des acteurs encore à tâtons dans leurs scènes fortes (la baise congestionnée en aéroport, la crack party…), elles-mêmes entrecoupées de catastrophiques spots promotionnels pour des produits d'embaumement fictifs façon mauvaises heures de Danny Boyle. Toutefois, lorsque nous pénétrions pour la première fois l'hypnotique demeure des Fisher, la chambre de Claire, et plus précisément ceci retint toute l'attention du spectateur un tant soit peu sensible :
En dehors de la figure de la méduse peut-être trop explicite, l'usage du métal, la torture des traits, et surtout la profondeur du regard montraient sans abuser de la suggestion l'état d'esprit du personnage à l'époque ; la série venait de s'offrir une nouvelle facette des plus originales. Ainsi, en l'honneur me semble t-il de la sortie du coffret DVD des cinq saisons, HBO eut la bonne idée de monter sur son site un dossier making-of de la vingtaine de créations de l'esprit insondable de la rousse, en réalité produites par des artistes bien réels. Amusant comme à la simple vue de certaines pièces on se souvient de l'intensité propres à leurs apparitions :
Blue Pajama Man par exemple, retrouvé empoussiéré par sa mère suite à la visite de sa tante hippie dont je ne me souviens plus le nom, illustre bien cette sensation. Plus glauques, le photoshoot suggestif d'un Billy alors vulnérable mais dangereux et son premier projet scolaire, pour lequel, fascinée, elle photographia quelques dépouilles forcément marmoréennes en attente de crémation :
Sa première -et, je trouve, totalement géniale- pièce à être exposée :
Le pantalon Harlequin, qu'elle offre à sa mère totalement défoncée et qui deviendra de par son impact l'un des icônes de la seconde saison :
L'oeuf qu'Olivier, son professeur d'arts plastiques, qualifia d'art termite illustra idéalement l'opacité de certaines réalisations face au regard du spectateur (“did they get what we we're talking about ?”) :
Le puissant mais franchement hilarant hommage du show au Shining de Kubrick, lorsque la plomberie de la morgue sauta et que le sang à peine coagulé, accumulé en masse dans la tuyauterie, envahit la pièce et permit à une Claire euphorique de capturer quelques visions mémorables :
“Mena Suvari” me semble une description suffisante, mais peut-être faut-il rappeler qu'Edie orienta temporairement notre rouquine un peu égarée vers les pistes de l'homosexualité… Pas mal de beauté plastique pure à la clé, dont ce superbe cliché pris sur le gazon de la maison funéraire, alors déjà rebaptisée Fisher & Diaz si je ne me trompe pas :
Papa ? Il n'est pas là. L'ouvrage un peu maladroit de la transition, d'une quatrième saison introspective vers la quasiment biblique cinquième partie :
Episode 4-12, soit le plus pertinent concept de la série. Les masques de Claire s'inscrivirent en parfaite symbiose avec la perdition des personnages, traversant ensemble mais pas vraiment une période presque macabre, à cheval entre la vie et la mort. La déstructuration à tous les niveaux.
Démarche plus tard réexploitée sous l'optique de l'union, pour au final synthétiser l'un des regards les plus tristes et lointains de la série toutefois…
Les photos de mariage resteront, de par leur côté intrusif mais candide, les plus touchantes. Si Six Feet Under devait se résumer à une image, ce serait la dernière de celles-ci :
J'ai fait le tour. Rendez une visite au site dédié, les descriptions détaillés, loin d'être académiques, sont pour la plupart très intéressantes.
Note à la relecture : mon français a régressé, n'est-ce pas ?