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Rhinophagie : la propriété privée en question

Publié le 24 juillet 2007 par Kalvin Whiteoak
Ainsi donc, tout ce beau monde s’est finalement mis d’accord pour virer manu militari les derniers habitants du squat historique de Genève. La fin d’une époque, la fin d’une idée, la fin d’une utopie, la fin d’un combat que certains élus ont eux-mêmes mené au temps de leurs illusions non encore perdues. Actuellement ils occupent les postes-clés, il exercent le pouvoir, et foin d’idéalisme dans ce genre d’exercice. Au contraire, c’est le pragmatisme et parfois la violence qui ont pris le pas dans leurs esprits sur le militantisme social. Si l’on tend l’oreille en direction des réactions dites populaires, on entend volontiers des "ça suffisait, depuis si longtemps, ils se moquent du monde, les propriétaires sont propriétaires ou non, etc., on peut même pas être tranquille chez soi et y faire ce qu’on veut".

"D’éminents" défenseurs de la propriété privée sont venus répondre à l’appel pour le moins directif des médias rappeler à qui de droit les principes du droit constitutionnel, enfin ceux qui les arrangeaient. Oui la garantie de la propriété est inscrite dans la constitution (article 26). Oui, l’occupation semblait illicite, encore qu’on puisse gloser sur ce point vu l’écoulement du temps, mais ces grands défenseurs des beaux principes sont bizarrement nettement moins enclins à défendre certains de ces mêmes principes qui sont tout aussi importants.

Par exemple, qui les a entendus parler de ces trois principes ?

  • la protection de la dignité humaine (article 7) dans un marché où les logements n’existent pas en nombre et qualité suffisants;
  • le droit d’obtenir une aide en situation de détresse (article 12);
  • la protection contre l’arbitraire, notamment celui commis par les organes de l’Etat (article 9);

La notion de propriété privée (et donc l’opposition du riche et du pauvre) est une des sources de toutes les guerres et conflits. Elle est très certainement amorale en soi, elle conduit à l’exclusion et à la marginalisation. Elle est le moteur de l’inégalité devant le loi, justement interdite par la Constitution. Cette conception de la propriété privée ad vitam doit être revue, ne serait-ce qu’en raison de la croissance de la population du globe, mais aussi pour concourir à une société plus sociale et plus juste. Les squatters de Rhino ont peut-être juridiquement tort: ils ont au moins eu le mérite de mettre d’accord leurs actes et leurs convictions.


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