Mohamed Ghali El Fassi, (né en 1909 à Fès - décédé en 1991), fils de Abdelouahed El Fassi, est un homme d'état marocain. Il fut ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts au Maroc sous le Gouvernement Bekkay Ben M'barek Lahbil (1955-1956), il a également été conservateur de l'Université Quaraouiyine de Fès, puis de l'Université Mohammed V de Rabat. Il est nommé sous-directeur à l'UNESCO à Rabat et représentait le Maroc.
Sur le plan culturel, El Fassi est parfaitement intégré dans la double culture arabe et française. Il était très proche du roi Mohammed V, qu'il l'a utilisé comme symbole d'unité nationale.
Doté d'une immense culture, on sait moins de lui qu'il a été la première figure du monde arabe a avoir rassemblé et compilé l'oeuvre de 500 auteurs de qaçaid (poèmes monométriques) qui ont été sources d'inspiration dans le malhoun et styles musicaux qui en dérivent. Il prit soin de mentionner toutes les biographies des auteurs.
Biographie succincte
Descendant d'une célèbre famille dont le rayonnement intellectuel a été particulièrement brillant à Fès, Mohamed Ghali El Fassi a fortement marqué la vie sociale et politique du Maroc pendant pendant de très nombreuses années.
Il reçut une formation religieuse au collège Moulay-Driss puis à la Quaraouiyine dont il deviendra le recteur.
Plus tard, il obtiendra une licence en lettres à la Sorbonne ainsi que le diplôme de l'institut des langues orientales.
Son cousin Allal El Fassi, fonde le parti indépendantiste marocain, l'Istiqlal, qu'il rejoint également et a été aussi l'un des signataires du Manifeste de l'indépendance.
Il a épousé en 1935 Malika El Fassi qui était musicienne (elle joue du oud et de l’accordéon), elle a fondé avec Haj Driss Benjelloun Touimi "Jamiyât Houat El moussika al andaloussia". Ils ont eu 4 enfants : Saïd (ex ministre de l'habitat), Abdelouahed (membre du Cabinet Royal), Fatima Zohra et Amina.
Ce dignitaire était une personnalité de choix dans le monde politique et culturel marocain. Membre pendant de longues années du Comité Exécutif du parti de l'Istiqlal et était censé en exprimer la doctrine. Il fut longtemps recteur de l'Université de Rabat, et ministre d'Etat des Affaires culturelle. Cet homme fut l'un des artisans majeurs de l'introduction de la langue arabe comme langue officielle de cette organisation.
Comme premier ministre de l'Education nationale du Maroc indépendant, il fut l'auteur du premier rapport sur la Réforme de l'Enseignement au Maroc. C'est à ce titre qu'il décide, dès la rentrée de 1957, l'arabisation du Cours Préparatoire. Cette mesure improvisée et mal perçu fut considérée comme une catastrophe et cela, lui fut régulièrement reproché, dans l'opinion publique. Cette arabisation hâtive aboutit à une véritable débacle et entraina le départ de Mohamed El Fassi du ministère en mars 1958.
Cet homme eut une attitude d'ouverture, contrairement à ses collègues de l' Istiqlal, par rapport à l'enseignement des langues berbères. Alors qu'il était recteur de l'Université de Rabat, il avait notamment conçu le projet de la création d'une chaire de berbère dans le cadre d'une section d'ethnographie, où tous les "dialectes" marocains auraient été enseignés. L'avant-projet rencontra une vive opposition, et le recteur estima que la réalisation en était à cette époque prématurée.
Mohamed Ghali El Fassi et le Malhoun
Doté d'une immense culture, on sait moins de lui qu'il a été la première figure du monde arabe a avoir rassemblé et compilé l'oeuvre de 500 auteurs de qaçaid (poèmes monométriques) qui ont été sources d'inspiration dans le malhoun et les styles musicaux qui en dérivent. Il prit soin de mentionner toutes les biographies des auteurs.
L'origine du Malhoune ou Melhoun ou Malhun en arabe الملحون comme forme musicale savante relativement moderne remonte au XIIe siècle, et emprunte ses modes à la musique arabo-andalouse. Elle simplifie ses modes en se développant sous une forme littéraire ne respectant pas la structure grammaticale classique (le Qasideh). Citadine, elle se développe principalement à l'intérieur des corporations artisanales.
Le malhoun, dont les racines sont à chercher dans la région du Tafilalet, est d'une richesse
inouïe et d'une splendeur inégalée, la contribution des chioukhs, des mounchidines et des poètes marocains, juifs ou
musulmans, reflètent les différents aspects de la vie quotidienne. le malhoun ne fait pas jouer d'instruments de musique mais est accompagné avec les claquements des mains. Au Maroc, personne n'a
oublié les représentants du malhoun judéo-arabe, ni les maîtres, ni Sami El Maghribi qui avait donné des concerts à Fès et à
Rabat, ni surtout Salim Halali, le chantre du modernisme.
Mohamed El Fassi considèrait que le malhoun (musique où coexistent le religieux, le profane et le fantastique) est un poème destiné à être chanté et donc à être habillé en musique, c’est une mise immédiate en mélodie. Un exemple frappant contemporain « Annahla Chama », un titre de Nass el Ghiwanne, est un poème Malhoun de trois cent vers écrit au XIXe siècle par Thami El Medeghri. Il est découvert dans les années 30 par feu Mohamed El Fassi, ce poème à été traduit vers le français à la même époque. (source).
Tout ceci dans un contexte particulier, en 1963, Mohammed El Fassi, recteur de la Faculté des Lettres de Rabat, encourageait d’élaborer des « glossaires pratiques du type… dites, ne dites pas… destinés à faciliter le passage de l’arabe marocain à l’arabe classique ». L'ouvrage se trouve actuellement à l'académie royale du Maroc.
Plusieurs personnes ont effectués des recherches dans la musique et la poésie du malhoun, on pense à Abbas Jirari (1), Haïm Zafrani (2), Abdellah Guennon (3), ou encore à Mohamed El Fassi...
Une association pour pérenniser la mémoire de Mohamed Ghali El Fassi
Le 21/10/2008, plusieurs figures musicales du Maroc s'engagent à promouvoir l'impact que feu Mohamed Ghali El Fassi a répercuté dans la musique malhoun.
L'Association Mohamed el Fassi de tarab el malhoun est composée originellement de cinq personnes est présidée par Talbi Abdelali : chanteur de Malhoun de la confrérie des Issawa. Notons en passant que les membres de cette confrérie considèrent leur répertoire de poésies comme un « signe distinctif original et exclusif ». Chantées en idiome local ou en arabe classique, ces chants sont soutenus par un accompagnement instrumental discret et chaloupé en deux temps appelé hadârî. Les thèmes des poésies chantées par les Aïssâwa sont les louanges à Dieu, au Prophète, au fondateur de la confrérie et à tous les saints (walî-s) de l’Islam.
L'association aura pour objectif d'effectuer un travail de terrain et de nouer des contacts avec les parties concernées, tant à l'intérieur du Royaume qu'à l'étranger, de participer à connaissance des chioukh, des mounchidines et des poètes qui ont marqué par leurs apports cet art ancestral méconnu pour les générations futures qui devront à leur tour les garants de la pérennité de ce patrimoine.
Les autres membres de Association Mohamed el Fassi de tarab el malhoun sont :
Rachid Jaber : chef du groupe Ahl Touate, groupe traditionnel marocain.Abdellatif Moujtahid : chanteur de malhoune de la confrérie des Issawa.
Abdellah Yakoubi Kbakbi : chanteur de malhoun et chef du groupe d'Issawa
Abderrahim Amrani Marrakchi, membre fondateur : chef du groupe des hamadcha et chanteur de malhoun et chercheur dans l'art traditionnel, directeur artistique dans des projets discographiques de musiques sacrées.
* Abdelaziz al-Maghrawi, le doyen du zajal marocain
Source : forum de discussion de Souss.com
Notes
1) Abbas Jirari (né à Rabat en 1937), a effectué de nombreuses recherches portant sur le patrimoine arabe, la pensée islamique et les questions culturelles. Parmi ses publications : "Al hourrya oua Al Adab" (La liberté et la littérature), "Attakafa fi Maarakat Attaghyir" (La culture dans la lutte pour le changement), "Mouachahate Maghribya" (une recherche dans la poésie andalouse) et "Taqafat assahra" (la culture sahraouie).
2) Haïm Zafran est un chercheur qui a exploré la fécondité du patrimoine culturel bimillénaire du judaïsme marocain, en faisant connaître sa production écrite et orale dans toute sa diversité et son ampleur.
3) Abdellah Guennoun (Né à Fès en 1908) Il reçoit une éducation de base des sciences (théologiques, sociales, humaines) auprès de plusieurs érudits de Tanger. Sa carrière a été notamment marquée par sa participation à la création de l'Alliance des Oulémas du Maroc qu'il préside de 1961 à 1989. Il a publié les revues "Lissan Eddine" et "Al Ihyaa" et le journal "Al Mithaq". Ses oeuvres traitent de divers domaines du savoir dont la littérature, l'histoire, la langue, la poésie, les études islamiques et le patrimoine. Parmi ses publications, on cite notamment "Le Génie marocain dans la littérature arabe" (3 tomes), "Célébrités du Maroc" (50 épisodes) et "Discours sur la littérature marocaine moderne". Après une riche carrière, il s'est éteint le 9 juillet 1989 à Tanger où il est enterré au cimetière Al Moujahiddine. Le défunt a légué à la ville sa riche bibliothèque ainsi que sa propre demeure.