Un incident de communication entre le robot-courrier de Fabula et les abonnés à une des lettres périodiques de cette honorable site dédié à la recherche littéraire a engendré ce dimanche un trafic inhabituel sur la Toile.
Un des échanges nés de cette nouvelle donne a pris l'allure d'une traque verbale.
En voilà le verbatim – enfin, presque... :
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► L'un
... enlever fissa mon nom du fichier de votre lettre, avec ses intervenants foutraques, qui pollue depuis hier ma messagerie sans interruption.
► L'autre
Cher correspondant,
les épanchements internautiques du robot de Fabula m'ont remis en mémoire un livre de Pierre Boulle – sauf erreur – sur l'idiotie congénitale des machines. En écrivant à son adresse [ abula-lettre @ fabula.org ] vous le mettez sans le savoir en demeure de diffuser votre légitime protestation à tous les membres de la liste qu'il "gère"...Et il obéit.
Depuis hier soir, cette mésaventure me permet de faire un peu de littérature comparée pratique : chacun son style et la variété n'est pas triste.
Il m'arrive d'aller sur le chasse-clou, dont le nom a pour moi quelque attirance : j'ai appris la menuiserie dans l'atelier de mon père, et pour moi le chasse-clou, qui n'a d'ailleurs d'utilité que pour les clous à tête d'homme, restriction dont une lecture symbolique est possible, était l'instrument magique qui venait emboiser (enfoncer dans le bois...) la tête de la pointe dans le parclose, la vitre posée, ou le couvercle de baguette électrique, les fils installés dans le sarcophage de la rainure.
Je n'ai trouvé foutraque, qui a un petit air argotique, ni dans le Larchey ni dans le Lacassagne (*). Condensation de fou + détraqué ? Je consulte le webmestre du blogue éponyme....
Bien cordialement.
► L'un
Cher Jean-Pierre Desthuilliers,
Merci pour votre mail qui me met un peu de baume au coeur car j'ai reçu n certain nombre d'insultes, suite à ma manoeuvre généralisée alors qu'avec l'adresse de l'expéditeur "fabula.org" j'ai pensé un instant n'atteindre que lui-même.
Las, je ne vais pas renvoyer un mail, un peu moins énervé, à tout le monde pour dire que je présente mes excuses (ainsi qu'à ma famille) comme DSK...
Merci également pour vos remarques sympathiques concernant Le Chasse-clou et les origines du nom, que j'avais un peu étudiées avant de lancer ce petit blog.
En revanche, je peux vous certifier que le mot foutraque existe bien, et je vais regarder si je vous trouve quelque chose de plus précis à son sujet !
Au moins, la liste en folie aura permis de faire circuler cet Ovni littéraire...
Amitiés.
► L'autre
Merci, j'avais bien trouvé ce lien que vous m'indiquez, mais le texte ne me satisfaisait pas.
Si traque est un suffixe désignant l'affaiblissement (= un peu) je n'en ai pas sous la langue d'autres utilisations.
Même patraque, un peu malade, est difficile à raccorder à un radical. D'ailleurs l'étymologie l'associe à un mot entier et non à une construction. Pour mon grand-père maternel, horloger, une patraque était une montre à bas prix. Il parlait aussi d'un clou pour désigner la tocante de pacotille. Je vous remercie de m'avoir mis sur une piste (verbale), par clou interposé, connectant les métiers de mes deux grand-pères.
Bien à vous, et à un de ces jours sur la Toile.
JPD
► L'un
J'ai regardé sur mon Petit Robert, rien, et sur mon Littré de 1882 (héritage de mon grand-père), rien non plus.
Un foutraque est un fou patraque !
Amitiés.
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Foutraque vaut 19 points au scrabble...(hors cas compte double et autres bonus).
Et 38 700 coups au but une fois gouguelisé.
Crédits : merci à Hieronymus van Aken , alias Jérôme Bosch pour cette Nef des fous.
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Lorédan Larchey, Nouveau supplément du dictionnaire d'argot, Librairie de la Société des Gens de Lettres, E Dentu, éditeur, Paris 1889.
Docteur Jean Lacassagne, Médecin des prisons et du Service des mœurs de la ville de Lyon, L'argot du "Milieu", Avec la collaboration de Pierre Devaux, préface de Francis Carco, Albin Michel éditeur, 1935. Lexiques argot-français et français-argot.