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The 4 hour workweek (la semaine de 4 heures), Timothy Ferriss

Publié le 28 octobre 2008 par Edgar @edgarpoe
The 4 hour workweek (la semaine de 4 heures), Timothy Ferriss Ce livre est fascinant. Ayant occupé pendant un moment (plus de 15 mois !) la première place du classement des ventes de livres consacrés aux affaires, et encore à la troisième place, on peut valablement dire qu'il a rencontré, aux Etats-Unis, son public.

Un public américain lassé des boulots répétitifs et du métro/boulot/dodo et invité à se libérer des contraintes de la vie moderne (quelques intéressantes statistiques sur le blog de l'auteur).

A priori forcément positif donc de ma part : comment ne pas rejoindre ce successeur du gendre de Marx et son droit à la paresse ?

Le livre est cependant très différent d'un plaidoyer philosophique pour la libération des travailleurs. C'est un manuel de réussite individuelle, conçu pour les bienheureux qui sauront suivre ses leçons.

Pour aller directement au coeur du sujet, le conseil principal de Ferriss est de faire travailler des indiens, ou des chinois à votre place... Le livre consacre une grande partie de son contenu à vous guider dans le lancement de votre start-up personnelle. Comme Ferriss, vous vendrez des objets fabriqués en Chine à travers un site internet qui travaillera pour vous, prenant les commandes et les paiements de façon automatisée, pendant que vous vous promènerez à travers la planète (Ferriss explique comment il loue une maison pour quelques mois dans un pays inconnu, commence par prendre des cours intensifs de langue à son arrivée et passe son temps à travailler ainsi à distance).

On peut avoir de fortes réserves sur ce système en train de craquer, et notamment sur le fait que les chinois, indiens et autres travailleurs des pays moins avancés ne se contenteront pas toujours de produire pour un consommateur américain surendetté...

Pour autant, il ne faut pas rejeter ce livre trop vite. Après tout, si tout le monde s'accorde sur le fait que la recherche du bonheur passe par celle d'un temps maîtrisé, il ne faut pas reprocher à un auteur d'essayer de donner une méthode pour y arriver. Par ailleurs, il propose une vision personnelle pour occuper le temps ainsi libéré ; apprendre des langues par exemple, l'un de ses hobbies.

Au passage, on notera que la gauche avait un thème important avec les 35 heures, et qu'en en faisant un enjeu strictement économique, au lieu d'en souligner la portée politique et humaine, elle a ouvert la porte à la réaction sociale sarkozyste.

La gauche ne pouvait certes pas, comme Ferriss, conseiller de faire travailler des chinois à notre place, mais aurait pu réfléchir à un statut de l'individu indépendant de son employeur, avec la possibilité de cumuler aux revenus d'une activité principale ceux d'une activité plus librement choisie. Ferriss dit explicitement qu'il vaut mieux une vie de travail où l'on ne prend pas de retraite mais où l'on est à l'étranger plusieurs semaines par an, qu'une vie de métro/boulot/dodo où l'on se promet de vivre heureux lorsqu'enfin la retraite viendra. Il y a des tas d'objections véritables à un tel point de vue, notamment la pénibilité de certains métiers, mais c'est une idée qui est tout de même intéressante. Comme celle qu'il préconise par ailleurs, de dissocier activité et revenus, qui rejoint sur certains points l'idée d'un revenu universel d'existence.


Il y a aussi quelques conseils plus anecdotiques pour retrouver du temps sans exploiter de travailleur chinois, par exemple en prenant des décisions draconiennes, celle de ne pas relever ses emails plus de deux fois par jour (Ferriss affirme parvenir à une levée de courrier hebdomadaire...) Il donne aussi une méthode de lecture rapide qui a l'air efficace, même si je n'ai pas creusé. Ainsi, il invite ainsi tout à la fois à prendre le temps de vivre tout en donnant des conseils pour se presser encore plus que de coutume...

La cohérence n'est donc pas le fort de Ferriss, qui se borne à donner des recettes individuelles, à l'américaine, et n'évoque jamais le sort de l'ouvrier payé à visser des boulons qui ne peut que difficilement reporter son travail sur d'autres (le libre échange inorganisé s'en charge d'ailleurs  à sa place...) Il reste que l'ouvrage est intéressant, ne serait-ce qu'à titre de symptôme, et qu'on y trouve quelques idées intéressantes pour donner un contenu à une société où le travail serait un peu moins subi (et quelques invitations à la créativité personnelle).

Supplément gratuit offert par la Lettre Volée, une vidéo du maître enseignant l'art de peler un oeuf dur :




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