Je n'ai déjà plus rempli les contraintes d'écriture que je m'étais
fixées cette semaine, parce que les sujets que je veux aborder (mais qui travaillent et mûrissent en moi, je m'en rends compte par les effets qu'ils produisent) me sont encore difficiles à
appréhender sereinement. Des choses désagréables sont encore revenues, je n'en avais encore pas parlé aussi directement mais je fais aujourd'hui une sorte de outing, même si certain(e)s l'avaient
déjà lu ... Un billet que j'hésite depuis quelques jours à mettre en ligne... mais que je crois nécessaire pour me permettre de continuer à avancer. Blogothérapie à défaut de
stylothérapie.
Aujourd’hui je n’ai plus envie de me cacher derrière « elle », j’écrirai à la première personne du singulier. Ca sera un billet impudique et dérangeant, mais tant pis, cette part
d’ombre c’est aussi moi.
J’ai un rapport très compliqué avec la nourriture qui me sert d’exutoire quand les choses ne vont pas comme je le voudrais. Mon poids oscille au rythme de mes humeurs, je vous l’ai déjà écrit, et je mange quand ça ne va pas. Beaucoup. Mais ce n’est pas le fait d’un joyeux et sympathique grignotage, comme j'ai longtemps voulu le penser, il y a un vilain gros mot derrière tout cela. « Boulimie ».
Non, je ne m’ouvre pas de boite de cassoulet que je mangerais debout à la file de tout ce qui me tomberait sous la main, et encore froid parce que je n’aurais pas pris la peine de le réchauffer. Je suis sélective dans mon remplissage et je ne suis attirée que par des douceurs qui me permettraient de compenser tous les malheurs du monde, et particulièrement les miens. Comme lorsque enfant, j’allais chercher à la boulangerie un mélange de bonbons à un ou deux francs que je ramenais, heureuse et comblée à la maison. Ces sucreries dont l’abus systématique depuis toute petite a fait de moi l’une des clientes préférées de mon dentiste.
Et surtout le chocolat dont la seule pensée m’est déjà un réel réconfort. Je l’ingère compulsivement en grande quantité et sous toutes ses formes pour calmer mes peurs comme enfant on me donnait un bonbon pour calmer mes pleurs. L’unité de base de mes accès n’est plus le carré mais la tablette.
Je résiste autant que je le peux mais à un moment la vanne s’ouvre et il n’y a alors plus moyen d’endiguer les flots. Je mange, trop, beaucoup trop. Et ça se voit parce que je ne me fais pas vomir. Je transforme mes kilos d’angoisse en kilos bien réels que je vais porter avec moi. Autour de moi, en pendentif et en ceinture. Celui qui a appelé ces kilos « poignées d’amour » est un imbécile, il n’y a pas d’amour dans tout cela.
J’arrivais à gérer depuis quelques mois ces accès mais ils ont repris depuis peu. Alors que j’avais pourtant résisté en encaissant même ma seconde poussée sans me jeter sur la nourriture. Je ressentais alors une sensation de plénitude dont je me réjouissais. Trop vite. Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours(e) avant de l’avoir tué(e) !
Est-ce la décision d’écrire et les angoisses qui sont remontées alors ? Sont-ce mes responsabilités professionnelles actuellement particulièrement pesantes ? Probablement plutôt un cocktail à la Tom Cruise des deux mais je ne crois pas que le fait de recommencer à manger alors que j’ai commencé à écrire soit anodin. Je me libère d’un poids d’un côté pour en reprendre de l’autre…
Quoi qu’il en soit, le résultat est le même. C’est reparti. La vanne est rouverte et les paris aussi.
Combien pour vous Madame ? Un kilo, deux, cinq ou dix ? Jusqu’où irez-vous trop loin ?
Je ramasse les mises, rien ne va plus et tout est possible. Aujourd’hui je me transforme en bookmaker.
Parce que je ne crois plus en
moi.