Tous les blogueurs sont égaux mais certains sont plus égos que d’autres

Publié le 28 octobre 2008 par Lilzeon

Citoyens ! Alors que les prix des actions n’en finissent pas de descendre, que l’industrie gèle son moral et que l’hiver se fait menaçant sur Paris, une saine intervention de Cyril me remonte le moral à propos d’un trop-plein d’égos 2.0 qui en ferait exploser le prix du baril :

Caroline Daily : “Quand je parle d’une chose que j’ai repérée dans une boutique, à la fin il n’y a plus rien...” >> ça marche aussi chez Zara ou H&M ton super-pouvoir ?
Darkplanneur
: “On ne fait pas que contrôler les gens on peut aussi censurer les marques…
Ami lecteur, je te renvoie à ma propre interview de Darkplanneur (Eric Briones, juste pour info, M. le DRH de la radio qui l’emploie…) , et te laisse un peu apprécier l’écart de lucidité que peut occasionner une véritable équipe de tournage.

Le fait est que l’arrogance apparente soulève une question de fond : comment gérer la notoriété pour un blogueur un peu connu qui n’est désormais plus un simple individu parlant / discutant sur le web mais une véritable marque. Quels sont les attributs d’une marque ?

Source Prodimarques : “Pour l’Organisation Mondiale de la Propriété Industrielle (OMPI), la marque est “un signe servant à distinguer les produits ou les services d’une entreprise de ceux d’autres entreprises

Intéressant : Darkplanneur mentionne à plusieurs reprises l’image de marque du blogueur qu’il est : “on est connu par notre logo, notre griffure”à quand les soldes au Vigan ? (provoc’ inutile, je sors).

Donc le fait est que les principes de transparence, de conversation donnant-donnant entre marque et consommateurs s’appliquent de fait aussi aux influenceurs-marques avec leurs followers.

Dès-lors, la posture de Darkplanneur semblerait appartenir au siècle dernier, au “push-marketing”, où quand la marque soufflait les consommateurs devaient respirer l’ennivrement de leurs produits fétiches…Etonnant.

Tous les blogueurs sont égaux, mais certains sont plus égo que d’autres.

Justement Paul Boutin dans Wired tire à boulets rouges contre la jeunesse perdue dans la blogosphère :

Thinking about launching your own blog? Here’s some friendly advice: Don’t. And if you’ve already got one, pull the plug. Writing a weblog today isn’t the bright idea it was four years ago. The blogosphere, once a freshwater oasis of folksy self-expression and clever thought, has been flooded by a tsunami of paid bilge. Cut-rate journalists and underground marketing campaigns now drown out the authentic voices of amateur wordsmith (…)That said, your blog will still draw the Net’s lowest form of life: The insult commenter. Pour your heart out in a post, and some anonymous troll named r0rschach or foohack is sure to scribble beneath it, “Lame. Why don’t you just suck McCain’s ass.” That’s why Calacanis has retreated to a private mailing list. He can talk to his fans directly, without having to suffer idiotic retorts from anonymous Jason-haters.”

La bonne nouvelle, c’est que si l’amertume touche la old school, vu les millions de blogs s’ouvrant chaque jour dans le monde, une certaine fraîcheur va transparaitre et le partage de passions heureuses va continuer à se développer.

Jason Calacanis est cité dan PR Squared “the coming boom” :

“Blogging became a phenomenon not because of some technological advance, but because between 2002 and 2005 there were a lot of unemployed–and underemployed–individuals with a lot to say and a lot of free time. Bloggers like Peter Rojas, Michael Arrington, Nick Denton, Rafat Ali, Xeni Jardin and Om Malik broke out in the down market–not the upmarket.

La bonne nouvelle selon Jason est donc qu’avec la crise de nouveaux oisifs talentueux vont pouvoir émerger dans notre marché de la nouvelle information saturée et revancharde.

Jay Deragon nous donne à prendre du recul sur les médias sociaux en faisant le pari d’une pensée plus critique sur les médias sociaux

“Launching a network or a blog is not conducive to a start and end plan rather it evolves over time and the driving factor is learning as you seek to find relevant content, interactive methods and “connectivity” with an audience”

On en revient aux fondamentaux : pourquoi bloguer ? On trouve une esquisse de réponse grâce à Pisani qui nous fait l’écho d’Andrew Sullivan :

But perhaps the quintessential blogger avant la lettre was Montaigne. His essays were published in three major editions, each one longer and more complex than the previous. A passionate skeptic, Montaigne amended, added to, and amplified the essays for each edition, making them three-dimensional through time. In the best modern translations, each essay is annotated, sentence by sentence, paragraph by paragraph, by small letters (A, B, and C) for each major edition, helping the reader see how each rewrite added to or subverted, emphasized or ironized, the version before. Montaigne was living his skepticism, daring to show how a writer evolves, changes his mind, learns new things, shifts perspectives, grows older—and that this, far from being something that needs to be hidden behind a veneer of unchanging authority, can become a virtue, a new way of looking at the pretensions of authorship and text and truth. Montaigne, for good measure, also peppered his essays with myriads of what bloggers would call external links.

Confronter ses idées, discuter avec délectation, refondre ses textes et ses pensées, ouvrir la porte au monde tout en poussant les portes du monde. Apprendre. Montrer son évolution, ses travers et avouer son erreur. Ne pas tenir de vérité absolue. Push et pull. Et plaisir. Une notion qu’il faudrait sans doute revisiter d’urgence.