Les bourses s'effondrent mais l'action Volkswagen explose : +200%, lundi. Les analystes allemands évoquent une constellation inattendue qui a pris de cours les spéculateurs.
Lundi matin, le mystère de l'action Volkswagen a encore frappé. Alors que dès l'ouverture, le DAX, l'indice boursier allemand, était attiré vers le fond, la valeur de l'action du premier constructeur européen a carrément triplé sur une seule séance: vers 17h30, le titre s'envolait de 201,16% à 634,99 euros. Comment expliquer cette évolution étonnante qui va, de manière quasi systématique, à l'encontre de la tendance boursière quotidienne et dure depuis un mois ?
Le rallye boursier de VW a en effet commencé le 16 septembre, au lendemain de l'annonce de mise en faillite de Lehman Brothers. Ce jour, pendant que les indices financiers mondiaux se repliaient, l'action VW gagnait 9,4% à 226,50 euros. Deux jours plus tard, sa valeur grimpait à 304 euros. Puis le lendemain, surprise, alors que le DAX remontait de plus de 5%, l'action VW chutait de plus de 13%. Pendant la journée du 7 octobre, en revanche, l'action VW remontait de plus 55%, frôlant la barre des 450 euros par action ! Et ainsi de suite...
Evidemment, les effets boursiers du processus de prise de contrôle de Volkswagen par Porsche sont une partie de l'explication de cette évolution « anormale ». Mais seulement une partie. Au printemps, Porsche a en effet annoncé vouloir contrôler au moins 50% du capital de VW d'ici à la fin de l'année 2008. Dimanche, le constructeur bavarois a d'ailleurs fait savoir qu'il détenait désormais 42,6% des actions de Volkswagen ainsi que des options sur un paquet d'actions supplémentaires, à hauteur de 31,5% du capital de VW. Soit un total de 74,1%. Bien sûr, on le sait depuis plusieurs mois, Porsche achète, directement ou indirectement, d'importants paquets d'actions et des options sur les actions VW. Associé aux prévisions de vente optimistes de Volkswagen, qui a maintenu, vendredi dernier, son objectif de vendre plus de voitures en 2008 qu'en 2009, il semble que les achats de Porsche ont soutenu le cours de l'action VW, en tout cas beaucoup plus que d'aucuns avaient prévu.
Selon les experts de Francfort et de Londres, de nombreux acteurs financiers, dont des Hedge-funds, ont en effet parié sur une forte baisse du cours de l'action Volkswagen, vendant moult options basées sur cette hypothèse. Ceux-ci semblent avoir estimé que les problèmes inhérents à la fusion entre Porsche et Volkswagen ou encore le ralentissement économique toucherait durement le n°1 européen de l'automobile et ferait baisser sa valeur boursière. Ce qui n'a pas été le cas. Pour l'analyste Jürgen Pieper, spécialiste de l'automobile à la banque Metzler, cette erreur les a obligé de tenter de limiter les pertes en couvrant rapidement leurs positions, c'est-à-dire en faisant jouer leurs options à n'importe quel prix.
A cela s'ajoute le fait que les rachats opérés par Porsche ont réduit le flottant réellement disponible à environ 6% du capital. En effet, le Land de Basse-Saxe détient 20 % de Volkswagen et Porsche 42,5% auxquels s'ajoutent des options sur 31,6% du capital. A supposer que Porsche ait fait jouer ses options, il resterait exactement 5,9% d'actions « libres » sur le marché. Or, selon un courtier cité par le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, le volume d'options pris par divers acteurs financiers en septembre serait équivalent à environ 15 % du capital de VW. C'est donc la perspective de ne pas pouvoir couvrir leurs engagements qui a provoqué la ruée de ces acteurs financiers, catapultant ainsi l'action Volkswagen dans une autre dimension.