Ce roman policier anglais se passe dans le Yorkshire, cette région qui s’étrangle entre Angleterre et Ecosse, quelque part dans le nord. Les gens y sont chaleureux ou taiseux, c’est selon. L’air de la mer s’abat sur la campagne, avec son humidité qui fait apprécier le bon whisky et la chaleur du pub où défilent les pintes de bière. La ville d’Eastvale est trop grande pour qu’on y connaisse tout le monde et trop petite pour que l’on y reste dans l’anonymat. Et c’est là, durant la nuit précédant Noël, qu’une jeune femme bien sous tous rapports (aux dires de la rumeur) est assassinée.
Juste avant de mourir, Caroline – la victime - répétait La Nuit des Rois (The Twelth Night) de Shakespeare, dans une troupe amateur. Les costumes ont justement été vandalisés ce soir-là. Faut-il aller chercher le crime dans le symbolique de la pièce ? Faut-il privilégier les secrets d’une vie antérieure à Londres (où Banks nous emmène visiter un certain quartier de Soho) ? Faut-il remonter à l’enfance et user de psychanalyse ?
Peter Robinson est plus simple que cela. Non qu’il ne nous embrouille : vous ne soupçonnerez l’assassin qu’à la fin, lorsque les pièces du puzzle se mettront en place dans votre tête, presque en même temps que dans celle de Banks et dans celle de Susan Gay, nouvelle inspecteur adjoint, dont le nom n’est pas sans rapport avec l’histoire. Vous suivrez avec intérêt les destins de chaque coupable possible comme autant de tranches de vie, plus ou moins réussies ou ratées, selon le lot de chacun. La neige glacée qui crisse au-dehors est le symbole de cette indifférence de la nature envers les êtres. A chacun de susciter sa propre chaleur en se rapprochant de ses semblables. Et, la douzième nuit – la Nuit des Rois - vous saurez. Vous n’auriez jamais deviné.
Peter Robinson, Noir comme neige (Past reason heated), 1991, Livre de Poche 2008, 478 pages, 6.60€