Voter en faveur d’un candidat afro-américain suscite encore de nombreuses crispations. Les observateurs avertis mettent en garde sur l’effet Bradley, du nom de ce démocrate afro-américain, Maire de Los Angelès battu aux élections au poste de gouverneur de Californie en 1982 alors qu’il était donné largement gagnant par les sondages. Il en est resté un néologisme politique utilisé pour désigner le décalage entre les sondages électoraux et les résultats des élections américaines quand un candidat blanc est opposé à un candidat de couleur.
« L’effet Bradley » s’est répété à de multiples reprises parla suite. Douglas Wilder, devient le premier démocrate afro-américain élu à un poste de gouverneur en Virginie en 1989 mais d’extrême justesse. Il était pourtant favori des sondages avec une avance de 10 points. Mêmes scénarii et défections d’électeurs du même bord politique par la suite lors des élections municipales des trois plus grandes métropoles américaines, New York, Chicago et Philadelphie avec à chaque fois des victoires démocrates très serrées.
Un sondage Associated Press-Yahoo Actualités réalisé le mois dernier attestait qu’environ un tiers des démocrates blancs nourrissent des préjugés négatifs sur les Noirs. La même enquête montrait que le pourcentage d’électeurs qui pourrait se détourner du candidat démocrate à cause de sa couleur dépasserait 2,5% soit plus que l’écart final entre George Bush et John Kerry en 2004.
Peu importe que la victoire de Barack Obama le soit d’une courte tête. L’histoire ne retiendra le cas échéant qu’un tournant historique : l’éléction au poste suprême d’un métis de père noir et de mère blanche et la fin des sombres années Bush. Huit années pendant lesquelles les USA ont vécu entre parenthèses, en citadelle assiégée.
Depuis le 24 octobre, le buzz sur internet c’est une vidéo qui reprend et détourne
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de 1999 (Wazza) en clip de promo pour le candidat démocrate. Les protagonistes de départ ont vieilli et sont devenus blasés. Le Leitmotiv, What’s up (quoi de neuf ?) trouve des réponses engagées. “Quoi de neuf mec?”, demande le premier personnage engagé dans l’armée. “Rien, j’ai perdu ma maison, je cherche un job”, lui répond son ami en regardant un discours de McCain. Système de santé en panne, dérèglement climatique, guerre en Irak, krach boursier, chômage. En quelques images le bilan des années Bush est dressé. Mais derrière la déprime apparaît une lueur d’espoir : Barack Obama et son « Yes we can » (oui nous le pouvons).
Trois mots simples à la portée symbolique forte, destinés à faire rêver l’Amérique et le monde, prononcé lors d’un discours de campagne dans le New Hampshire, le 10 janvier 2008.
« Lorsque nous avons surmonté des épreuves apparemment insurmontables ; lorsqu’on nous a dit que nous n’étions pas prêts, ou qu’il ne fallait pas essayer, ou que nous ne pouvions pas, des générations d’Américains ont répondu par un simple credo qui résume l’esprit d’un peuple. Oui, nous pouvons. Ce credo était inscrit dans les documents fondateurs qui déclaraient la destinée d’un pays. Oui, nous pouvons. Il a été murmuré par les esclaves et les abolitionnistes ouvrant une voie de lumière vers la liberté dans la plus ténébreuse des nuits. Oui, nous pouvons. Il a été chanté par les immigrants qui quittaient de lointains rivages et par les pionniers qui progressaient vers l’ouest en dépit d’une nature impitoyable. Oui, nous pouvons. Ce fut l’appel des ouvriers qui se syndiquaient ; des femmes qui luttaient pour le droit de vote ; d’un président qui fit de la Lune notre nouvelle frontière ; et d’un King qui nous a conduits au sommet de la montagne et nous a montré le chemin de la Terre promise. Oui, nous pouvons la justice et l’égalité. Oui, nous pouvons les chances et la prospérité. Oui, nous pouvons guérir cette nation. Oui, nous pouvons réparer ce monde. Oui, nous pouvons. »
Incantation ou prémonition, réponse le 4 novembre.
© Henry Moreigne pour Intalk.fr