Magazine Journal intime

A la cape

Par Crapulax
DSC00502Moi qui pensais naïvement qu'une fois rentrés en Méditerrannée après un tel voyage, nous aurions droit au repos des guerriers. Que Dal. Depuis notre entrée dans cette vilaine mare à canards, nous avons essuyé vents contraires, pétoles, cargos indélicats voulant nous soumettre et maintenant la bonne vieille baston du Golf du Lion...
J'ai rasé les côtes de Barcelone en prévision d'un près violent vers Hyères mais on dirait que les éléments se liguent contre nous: 8 à 9 prévus dans la face pour rentrer sous orage. Jérôme propose de relacher à Barcelone. Le temps m'irrite, je m'acharne, je veux rentrer.
Son et lumière. ça commence par un système orageux sans fin aux abords de Barcelone. C'est mon quart, je m'échine à faire avancer le bateau en ignorant la foudre et les grains. De la merde! Au bout de deux heures, je cale  la barre et demande à Jérôme ce qu'il pense de la foudre qui sévit partout, tout le temps et sans prévenir. Il lit tranquillement son bouquin de survie où il est question de passer une chaine autour du mat qui rejoint la mer. Super pratique dans la tempête. On oublie. Le passage sur l'homme de barre est plus intéressant. Eviter à tout prix de rester à la barre sous peine de faire paratonnerre. Je suis convaincu, vais réduire la toile et branche le pilote pour me mettre au sec.
Jérôme prend le quart suivant. Plus d'orage. Je dors. A mon réveil en urgence, il insulte un cargo qui suit une route parallèlle à la nôtre, 20m de distance, sans infléchir sa trajectoire. Enculé. Le vent a encore forci  le portique vibre tout ce qu'il peut, les panneaux solaires se font la malle. Même pas le temps de prendre un café.
3 ris dans la toile, génois rentré, trinquette seule, ça forcit encore et il n'est que 10h du mat'. Nous sommes  à peu près au milieu du golfe du Lion. Je sors l'anémomètre à main : 45 - 50 noeuds. Pas possible de tenir le près plus longtremps. J'affale la GV sous pilote et le bateau se positionne naturellement au travers de la vague sous trinquette seule. Pas besoin de solliciter Charlie pour rien. J'amarre la barre à contre, ferme tout et rentre pour prendre ce café bien mérité. C'est la première fois que je suis à la cape. La trinquette va prendre cher mais c'est confort. Le seul soucis est que je dérive à 3 noeuds vers l'Italie, bien trop à l'est.
Pas grand chose à faire de plus sinon lire Hornblower et aller de temps en temps dans le cockpit voir comment ça évolue.      

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