Nouveaux moyens de paiement grand public : vers une reconfiguration du marché

Publié le 24 juillet 2007 par Sia Conseil

Les moyens de paiement de demain arrivent à grands pas : téléphones mobiles NFC[1] , TPE biométriques ou encore cartes bancaires sans contact… Devant la diversité des solutions proposées, des entrants potentiels et des business modèles envisageables,

quel visage prendra le marché des paiements à moyen terme ?

Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, des magasins offrent désormais la possibilité de régler en posant le doigt sur un TPE biométrique. Ce dispositif permet notamment de diminuer le taux des commissions demandées aux commerçants, en proposant une alternative aux réseaux monétiques traditionnels (Mastercard, Visa, Amex…). Un opérateur unique gère l’ensemble des activités : inscription et numérisation des empruntes digitales, alimentation des bases CRM contenant les marqueurs biométriques, gestion du centre d’autorisations, puis instruction du paiement via chèques électroniques.

En Asie, c’est essentiellement le paiement par téléphone mobile qui s’est développé. Ce sont les opérateurs eux-mêmes qui sont à l’origine de cette révolution, à l’instar de NTT DoCoMo – 1er opérateur japonais – qui dispose désormais d’une licence bancaire.

D’autres supports de paiements novateurs, déjà lancés ou encore en étude, se mettent également en place : carte de paiement sans contact, virement par SMS, cartes bancaires prépayées, paiement biométrique online

Une maturation nécessaire des modèles économiques côté européen

En Europe, les expériences "laboratoires" foisonnent, mais aucun business model ne semble être finalisé à ce stade. Les offres doivent encore mûrir pour proposer un mix stratégique pertinent en termes d’appétence client et de rentabilité, notamment en arbitrant sur les points suivants :

  • Choix du support et des technologies associées : téléphone mobile NFC (avec carte intégrée ou non à la carte SIM), TPE biométrique, carte à lecture RFID (avec ou sans puce), lecteurs d’empruntes USB pour paiements online
  • Types de paiements et services mis à disposition : porte-monnaie électronique, débit sur compte bancaire (adossé ou non aux réseaux de cartes), ligne de crédit revolving, virement, assurances diverses…
  • Partenaires en présence et répartition des rôles métiers (distribution, fidélisation, gestion des risques, recouvrement et facturation…) : banques, opérateurs télécom et MVNO, spécialistes de la biométrie, enseignes de grande distribution, réseaux de paiement, fabriquants de cartes et de puces, gestionnaires de cartes et centres d’autorisation…

La dérégulation imposée par ailleurs avec le SEPA agira à n’en pas douter en faveur de ces nouveaux produits, en améliorant la concurrence et de la dynamique de marché. Néanmoins l’Europe des paiements, particulièrement hétérogène, n’offrira certainement pas un modèle économique unique et transposable d’un Etat à l’autre.


Carthographie des innovations et risques d'éviction pour les établissements de crédit

Le rôle des banques : une adaptation rapide est à prévoir

Le marché des paiements évolue vers un modèle orienté "co-distribution". Pour les établissements de crédit, leaders historiques du marché, l’enjeu consiste à s’associer au plus vite avec les nouveaux entrants, fournisseurs de supports innovants. Il s’agit non seulement de réagir au risque de baisse du volume des commissions perçues, mais également de proposer à leur clientèle professionnelle des solutions innovantes et robustes, et ce, dans les meilleurs délais pour conserver leurs part de marché. Les acteurs du crédit à la consommation devront également s’adapter sur leurs activités de carte de crédit revolving.

Des chantiers d’adaptation conséquents sont donc à prévoir, tant d’un point de vue métier (définition des responsabilités, gestion des risques, politiques de ciblage et de tarification…) que d’un point de vue systèmes d’information (évolution des outils de production et de CRM, flux d’échanges monétiques avec les partenaires, mise à niveau des référentiels…) Des besoins importants en formation sont également à prévoir au sein des réseaux d’agences, pour propager les nouveaux modes de commercialisation et de fidélisation.

Pour conclure, le secteur des moyens de paiement étant dans une phase de grande mutation, à la fois sur le plan réglementaire ou sur le plan des nouvelles offres / nouvelles technologies, certains acteurs auront plutôt une attitude "défensive" (notamment les banques…) alors que d’autres pourront adopter une logique "offensive" afin de bénéficier de cette fenêtre d’opportunité permettant de pénétrer le marché. Dans tous les cas, quelle que soit le type d’acteur, c’est bien aujourd’hui que se joue la reconfiguration du marché de demain…

Introduction à la réforme des moyens de paiements SEPA

Sia Conseil