Dans le brouillard, dans le noir…

Publié le 27 octobre 2008 par Irene
Il pleuvait dans l'eau ce soir. Je n'aime prendre la pluie à la piscine, surtout de nuit. Faustine a insisté pour faire des longueurs dans le bassin de 50 mètres, prétextant devoir se débarrasser des calories de la fondue au chocolat du week-end. Mal nous en a pris. Un froid polaire régnait entre les lignes, nimbées d'une brume limite inquiétante. Un brouillard a envahi mes lunettes et j'ai envisagé la possibilité de croiser un manchot avant de me réfugier dans les eaux tropicales du bassin intérieur, malgré tout le respect que j'ai pour les manchots. Faustine, qui s'est visiblement liée d'amitié avec une otarie, m'a rejointe plus tard, la démarche héroïque. Ça m'a rappelé une expérience aussi inutile qu'extrême, dans un fjord norvégien, à la frontière russe. Une baignade en combinaison grand froid, immense, orange et flottante, qui n'aurait pas déplu à Casimir. Dix minutes dans l'eau glacée à papoter avec une banquise en décomposition.
Et il s'est passé un truc étrange alors que je repartais, décidée, en dos crawlé. Les lumières de la piscine se sont éteintes. Après le "blizzard" de l'extérieur, je me suis dit qu'on allait peut-être avoir droit à une aurore boréale. Il n'en fut rien. Des lumières tamisées ont pris le relais des spots habituels. Pour un peu, on se serait cru dans piano bar, en maillot de bain, prêtes à trinquer avec le premier baigneur venu, toutes palmes dehors. Après tout, c'était l'heure de l'apéro. Imaginez, une fantaisie de maître nageur excédé d'être rivé sur son perchoir. Ridicule, comme idée. Puis l'ambiance insouciante et blafarde de la piscine a repris ses droits. Une main de crawleur énergique m'a écrasé la face, me propulsant sous l'eau et, par la même occasion, dans la réalité bleutée. J'ai pris la tasse, pas l'apéro. Tout, enfin, est redevenu normal.