Drucker chez Besancenot dans « Vivement la révolution »

Publié le 15 mai 2008 par Nicolas007bis


Sans avoir passé toute l’après midi en sa compagnie, j’ai néanmoins écouté quelques-uns des propos d’Olivier Besancenot chez Drucker ce Dimanche et ce que j’ai entendu m’amène à faire quelques réflexions.

1 - Tout d’abord, derrière un visage avenant et quasi poupin, se cache une idéologie rebutante et poussiéreuse faite de lutte des classes, de collectivisme et de révolution (d'Octobre pas de Mai) !

2 - Derrière un discours près du peuple et antipolitiques (il n’a pas arrêté de vilipender les « professionnels » de la politique) se cache un parfait specimen de la plus fâcheuse catégorie de « politiques » : les populistes !

Comment qualifier autrement quelqu’un qui ratisse toutes les misères du monde et qui passe son temps à essayer de convaincre que les « politiques » ne veulent rien faire contre, voire même favorisent le chômage, la pauvreté, l’exploitation, les fins de mois difficiles, la hausse du prix du blé, du lait et des cornichons …sans lui même proposer de solution que de prendre dans la poche de telle ou telle "riche" catégorie de français ?

Comment qualifier autrement celui qui prétend que la France serait mieux dirigée par des comités de quartier noyautés par la LCR que par nos « élites » élues démocratiquement ?

3 – Derrière une bonhommie et une probable sincérité se cache un homme dangereux dont l’objectif avoué est de faire se soulever « le Peuple » afin qu’il prenne le pouvoir contre ses dirigeants qui ne sont que des salopards qui ne cherchent qu’à l’exploiter. On sent clairement que pour olivier Besancenot, à l’image de son maitre à penser Che Guevara dont il s’est fait le thuriféraire dans un récent ouvrage, la fin justifie les moyens.

4 – Derrière le succès de Besancenot se cachent toutes les contradictions françaises.

Dans quel pays développé au monde un trotskiste est-il invité à exposer ses idées pendant toute une après-midi dans l’émission la plus regardée le Dimanche ?
Dans quel pays développé au monde, toujours le même trotskiste, est-il aussi populaire ( 41% des français souhaitent qu’il ait davantage d’influence dans la vie politique ) ?
Dans quel pays développé au monde y a-t-il 5 candidats de gauche extrême ou d’extrême gauche aux élections présidentielles ?
Dans quel pays au monde au lieu de chercher les meilleures solutions pour avancer, tant de gens se rabattent sur un marchand de sable qui a tout sauf des bonnes solutions ?

5 – Derrière le succès du personnage se cache l’ineptie du Parti Socialistes incapable de présenter une alternative démocratique crédible et qui laisse de ce fait un espace de plus en plus important aux extrémistes de tous poils !

6 - Derrière de vrais constats se cachent de fausses solutions (quand il y en a).

Oui Besancenot à raison de dire que la situation des caissières de supermarchés ou des sans-logis est scandaleuse !

Non, on ne peut pas reprocher à Olivier Besancenot de pointer du doigt les « injustices » ou de s’élever contre les tares du système capitaliste tel qu’il est en vigueur dans le monde entier.
Ce que l’on peut lui reprocher, par contre, c’est de mélanger une critique idéologique du système nécessairement globale et des critiques ponctuelles de décisions politiques qui par la force des choses s’intègrent dans une démarche de gestion du système.
Ce mélange est extrêmement trompeur de par son ambigüité. En effet, soit on remet en cause complètement le mode de fonctionnement du système économique mondial ce qui suppose au moins de pouvoir en proposer une alternative crédible soit on en accepte les fondamentaux et on se bat pour le faire évoluer vers une société plus juste, plus solidaire ou plus écologique !
Entre les 2 il faut faire un choix et le dire. On ne peut pas laisser croire que l’on œuvre pour une évolution du système alors qu’on n’a qu’une idée en tête c’est de le faire tomber pour mettre on ne sait pas trop quoi à la place.
D’ailleurs, olivier Besancenot qui en a parfaitement conscience, a eu beaucoup de mal à se sortir de la question de Claude Serrillon lui demandant en substance si il était prêt à gouverner et avec qui.
Car, contrairement aux autres partis politiques, l’objectif de Besancenot et de la LCR n’est surtout pas de gouverner, mais de contester radicalement le système non pas par une action politique menée dans un cadre démocratique mais par la « révolution ».

C’est leur droit de considérer que la révolution est le seul moyen pour atteindre leurs objectifs, mais c’est contradictoire avec le processus démocratique dans lequel ils s’inscrivent lorsqu’ils se présentent aux élections.

D’une manière générale, cette ambigüité empêche toute approche constructive puisque les réponses apportées s’appuient sur une remise en cause de règles de base de nos économies ce qui les rend inapplicables (au moins sans de très très nombreux préalables) mais ça, olivier Besancenot ne le dit pas et laisse croire par son discours à des solutions là ou il n’y en pas vraiment.

Parions que ce discours trompeur et son allure de gendre idéal auront encore su émouvoir les fidèles spectateurs de ce bon Michel Drucker qui après avoir réussi l’exploit de rendre sympathique Bernadette Chirac va réussir celui de rendre crédible olivier Besancenot.