Sans avoir passé toute l’après midi en sa compagnie, j’ai néanmoins écouté
quelques-uns des propos d’Olivier Besancenot chez Drucker ce Dimanche et ce que
j’ai entendu m’amène à faire quelques réflexions.
1 - Tout d’abord, derrière un visage avenant et quasi poupin, se cache une
idéologie rebutante et poussiéreuse faite de lutte des classes, de
collectivisme et de révolution (d'Octobre pas de Mai) !
2 - Derrière un discours près du peuple et antipolitiques (il n’a pas arrêté
de vilipender les « professionnels » de la politique) se cache un
parfait specimen de la plus fâcheuse catégorie de « politiques » :
les populistes !
Comment qualifier autrement quelqu’un qui ratisse toutes les misères du
monde et qui passe son temps à essayer de convaincre que les
« politiques » ne veulent rien faire contre, voire même favorisent le
chômage, la pauvreté, l’exploitation, les fins de mois difficiles, la hausse du
prix du blé, du lait et des cornichons …sans lui même proposer de solution que
de prendre dans la poche de telle ou telle "riche" catégorie de français
?
Comment qualifier autrement celui qui prétend que la France serait mieux
dirigée par des comités de quartier noyautés par la LCR que par nos
« élites » élues démocratiquement ?
3 – Derrière une bonhommie et une probable sincérité se cache un homme
dangereux dont l’objectif avoué est de faire se soulever « le
Peuple » afin qu’il prenne le pouvoir contre ses dirigeants qui ne sont
que des salopards qui ne cherchent qu’à l’exploiter. On sent clairement que
pour olivier Besancenot, à l’image de son maitre à penser Che Guevara dont il
s’est fait le thuriféraire dans un récent ouvrage, la fin justifie les
moyens.
4 – Derrière le succès de Besancenot se cachent toutes les contradictions
françaises.
Dans quel pays développé au monde un trotskiste est-il invité à exposer ses
idées pendant toute une après-midi dans l’émission la plus regardée le Dimanche
?
Dans quel pays développé au monde, toujours le même trotskiste, est-il aussi
populaire ( 41% des français souhaitent qu’il ait davantage d’influence dans la
vie politique ) ?
Dans quel pays développé au monde y a-t-il 5 candidats de gauche extrême ou
d’extrême gauche aux élections présidentielles ?
Dans quel pays au monde au lieu de chercher les meilleures solutions pour
avancer, tant de gens se rabattent sur un marchand de sable qui a tout sauf des
bonnes solutions ?
5 – Derrière le succès du personnage se cache l’ineptie du Parti Socialistes
incapable de présenter une alternative démocratique crédible et qui laisse de
ce fait un espace de plus en plus important aux extrémistes de tous poils
!
6 - Derrière de vrais constats se cachent de fausses solutions (quand il y en a).
Oui Besancenot à raison de dire que la situation des caissières de
supermarchés ou des sans-logis est scandaleuse !
Non, on ne peut pas reprocher à Olivier Besancenot de pointer du doigt les
« injustices » ou de s’élever contre les tares du système capitaliste
tel qu’il est en vigueur dans le monde entier.
Ce que l’on peut lui reprocher, par contre, c’est de mélanger une critique
idéologique du système nécessairement globale et des critiques ponctuelles de
décisions politiques qui par la force des choses s’intègrent dans une démarche
de gestion du système.
Ce mélange est extrêmement trompeur de par son ambigüité. En effet, soit on
remet en cause complètement le mode de fonctionnement du système économique
mondial ce qui suppose au moins de pouvoir en proposer une alternative crédible
soit on en accepte les fondamentaux et on se bat pour le faire évoluer vers une
société plus juste, plus solidaire ou plus écologique !
Entre les 2 il faut faire un choix et le dire. On ne peut pas laisser croire
que l’on œuvre pour une évolution du système alors qu’on n’a qu’une idée en
tête c’est de le faire tomber pour mettre on ne sait pas trop quoi à la
place.
D’ailleurs, olivier Besancenot qui en a parfaitement conscience, a eu beaucoup
de mal à se sortir de la question de Claude Serrillon lui demandant en
substance si il était prêt à gouverner et avec qui.
Car, contrairement aux autres partis politiques, l’objectif de Besancenot et de
la LCR n’est surtout pas de gouverner, mais de contester radicalement le
système non pas par une action politique menée dans un cadre démocratique mais
par la « révolution ».
C’est leur droit de considérer que la révolution est le seul moyen pour
atteindre leurs objectifs, mais c’est contradictoire avec le processus
démocratique dans lequel ils s’inscrivent lorsqu’ils se présentent aux
élections.
D’une manière générale, cette ambigüité empêche toute approche constructive
puisque les réponses apportées s’appuient sur une remise en cause de règles de
base de nos économies ce qui les rend inapplicables (au moins sans de très très
nombreux préalables) mais ça, olivier Besancenot ne le dit pas et laisse croire
par son discours à des solutions là ou il n’y en pas vraiment.
Parions que ce discours trompeur et son allure de gendre idéal auront encore
su émouvoir les fidèles spectateurs de ce bon Michel Drucker qui après avoir
réussi l’exploit de rendre sympathique Bernadette Chirac va réussir celui de
rendre crédible olivier Besancenot.