Reading
Ville de la banlieue londonienne, accessible après 45 minutes de train. La gare est dans le style typique des gares, avec des quais et des trains… en sortant vous avez le choix : centre ville en briques rouge ou continuer votre périple vers le stade en bus.
De plus, les amateurs de ski peuvent ainsi s’y adonner à leur sport favori sur une colline habillée d’un tapis synthétique et équipée d’une remontée mécanique.
Un fameux festival de musique alternative y attire chaque année tout ce que l’Angleterre compte de « crusties », de « shoegazers », de « punks » et de « travellers », parmi la boue et les baked potatoes. Pas de quoi transfigurer la morne vérité et faire diminuer la consommation locale d’ecstasy et l’oubli de soi dans le « binge drinking ». Pourtant, si le débit de la Tamise n’a pas varié, et si elle s’écoule toujours au même rythme en direction de Londres, quelque chose a changé à Reading. Et peut-être durablement.
FC Reading 1871
Alors qu’en France, la Commune de Paris est écrasée dans le sang, au même moment, en Angleterre, le football est en passe de devenir une industrie. Cette année-là, on baptise la Coupe d’Angleterre, et Reading FC est fondé. 135 ans plus tard, alors qu’en France on retire le CPE, Reading obtient pour la première fois le droit d’évoluer au plus haut niveau. Au terme d’une saison de tous les records, jusqu’à présent jalonnée par 30 victoires, 102 points récoltés et 106 buts marqués. Une réussite tardive essentiellement due à deux hommes : John Madejski, le propriétaire et président du club et Kingsley, la mascotte.
Reading FC à l’entraînement en 1938 : magnifique exemple de jeu sans ballon
John Madejski
Fils d’un aviateur polonais en poste à Londres durant la Seconde Guerre Mondiale, John Madejski fait fortune dans la presse écrite en lançant, au milieu des années 70, un magazine de vente de voitures. Il jette alors son dévolu sur le club de sa ville, dont il acquiert une part majoritaire en 1990.
Les Royals sont alors au bord de la banqueroute et semblent condamnés à évoluer poussivement dans les divisions professionnelles inférieures. Quelques années auparavant, le magnat de la presse Robert Maxwell avait même envisagé de fusionner Reading avec Oxford United, pour fonder un club de la vallée de la Tamise, les Thames Valley Royals. Les affluences touchent le fond – 1′700 spectateurs lors d’un match contre Preston en 1982, record négatif – et les gamins qui assistent aux matchs font des infidélités à Reading, en arborant dans les tribunes des maillots de Liverpool, de Tottenham ou d’Arsenal. Mais si Maxwell avait opté pour un remède de cheval, Madejski choisit au contraire l’homéopathie, et entame une reconstruction lente et sage, afin d’asseoir le club sur des bases solides et durables.
Il finance ainsi en grande partie la construction d’un nouveau stade de 25′000 places, auquel il donne son nom, et où Reading emménage en 1998 après avoir quitté le vétuste Elm Park. En cas de maintien en Premiership la saison prochaine, Madejski serait d’ailleurs prêt à porter sa capacité à 40′000 places. Surtout, sa politique, sans être spectaculaire, transforme son club en valeur sûre de la deuxième division britannique. Les Royals échouent ainsi à plusieurs reprises en play-offs, aux portes de l’élite. Avant l’arrivée à la tête de l’équipe de Steve Coppell, en remplacement d’Alan Pardew, parti pour West Ham United.
Kingsley
Reconverti après son éviction au poste de mascotte du Crédit Lyonnais… Kingslet trouve refuge à Reading, où sa joie de vivre et son sens du rythme sont très apprécié. Regardez d’ailleurs comme à lui seul il incarne les festivités qui ont eu lieu après le titre en 2ème division.
En poste à Reading depuis octobre 2003, Coppell, manager atypique qui se refuse à s’engager sur des contrats supérieurs à une année, a su s’appuyer sur une équipe solidaire, mélange de jeunes talents et de vieux gladiateurs, et sur un effectif cosmopolite. On y trouve des Américains, le gardien Marcus Hahnemann et l’ailier Bobby Convey, des Islandais, Ivar Ingimarsson et Brynjar Gunnarsson (sosie de Boris Becker), le Sénégalais Ibrahima Sonko.
Les trois buteurs
Dave Kitson tout d’abord, 26 ans, 20 buts cette saison. Ancien employé des supermarchés Sainsbury’s et de Cambridge United. Ce buteur rouquin, rapide et athlétique, dans la plus pure tradition britannique, aurait décliné une proposition de Steve Staunton, le nouveau coach de la République d’Irlande, pour rejoindre son effectif. Avoir un grand parent irlandais n’est pas suffisant à ses yeux pour mériter de revêtir le maillot d’un pays où l’on n’est pas né.
Kevin Doyle ensuite, 22 ans, 19 buts cette saison. Fraîchement international irlandais, Doyle a été acquis à Cork City pour à peine plus de 100.000 livres au cours de l’été 2005. Recruté à l’origine pour jouer un rôle subalterne, il a su s’imposer comme l’un des meilleurs attaquants de la division, et a d’ailleurs été inclus par ses pairs dans l’équipe type du championnat
Leroy Lita enfin, 21 ans, 15 buts cette saison. Né à Brazzaville, Lita rejoint lui aussi Reading durant l’été 2005, en provenance de Bristol City. Tenu en haute estime, cet international avec la sélection anglaise des moins de 21 ans a refusé d’évoluer avec le Congo Brazzaville, en espérant évoluer un jour aux côtés des Rooney, Lampard et Gerrard.
Si l’on en croit les déclarations de John Madejski, l’effectif de Reading ne devrait pas subir de bouleversements la saison prochaine, mais seulement connaître quelques ajustements, afin de renforcer certains secteurs de jeu. Le multi-millionaire ne devrait donc pas déroger à ses principes et à son approche raisonnée.
La Premier League
En 2006/2007, Reading réalise la 3ème meilleur performance d’un promu en Premier League en terminant 8ème et accédant ainsi à la coupe Intertoto (ils refuseront de la jouer pour préparer sereinement la saison à venir…)
********************************************************
L’épopée de la montée : vidéo
Et maintenant… Reading débute en battant Lyon… : vidéo