Les policiers avaient remonté et démantelé la filière de prostitution dite de « l’Est ». Les jeunes femmes étaient originaires de la même ville.
« Le démantèlement de cette filière, c’est du lourd, du sérieux, de l’international » insiste le vice-procureur Georges Borg au terme d’un réquisitoire un tantinet chantant, et au verbe imagé.Trois prévenus de « proxénétisme aggravé » sont présents ce vendredi matin devant le tribunal correctionnel de Limoges. Deux d’entre d’eux comparaissent détenus : Guyner Muradov, 34 ans, et sa compagne, Snezhana Yordanova, 29 ans, dite « Gulka » ; le troisième Saban Yagci, 52 ans se présente libre après avoir accompli trois mois de détention provisoire.
Georges Borg se veut aussi didactique et dresse « un tableau de la prostitution à Limoge ». « Il y a deux grandes filières, résume-t-il. L’une africaine, avec des sortes d’amazones, au proxénétisme tournant, les filles les plus anciennes faisant payer leur droit d’entrée aux plus jeunes. La seconde, c’est la filière de l’Est, bulgare, en fait, et beaucoup plus organisée ».
L’affaire du jour vise cette dernière ; et selon l’expression du vice-procureur elle a été mise au jour en juin 2007 grâce à la pugnacité de la brigade des m?urs du commissariat, et du GIR.
Confidence de prostituée, surveillance, écoutes téléphoniques ont permis aux policiers de comprendre comment fonctionner le réseau. Pour l’accusation, la tête de la filière se nomme Gulka. Originaire de Peshtera, petite ville du Sud Ouest de la Bulgarie, la jeune prostituée s’est installée à Limoges vers 2005 à l’issue d’un parcours, digne d’un « roman à la Zola », selon les mots de Georges Borg.
Gulka accueille régulièrement à Limoges, d’autres jeunes femmes, toutes viennent de Peshtera… tout comme Guyner Muradov. Lui, vit avec Gulka et sert de chauffeur. Avec son minibus, il fait deux fois par mois le voyage Limoges Peshtera. À bord de son minibus, il convoie des jeunes femmes à Limoges, mais aussi Bordeaux ou Toulouse.
Pourquoi Limoges ? « Parce ce qu’on y est moins embêté qu’ailleurs », dit-on à Peshtera.
Les bulgares racolent sur le Champ de Juillet. Mais pas seulement. Et c’est l’autre particularité du dossier. Les policiers ont découvert en effet que nombre de ces jeunes femmes ont également leurs habitudes dans un bar associatif turc avenue du Général-Leclerc, tenu par Saban Yagsi.
Devant le tribunal, les trois prévenus qui ne parlent que le turc, nient être des proxénètes. Seule Gulka Snezhana reconnaît se prostituer, mais refuse de porter le chapeau de “mère maquerelle”. Elle s’est occupée de ses compatriotes mais seulement par “solidarité villageoise”.
Pour le représentant du parquet, la prostitution sur le Champ de Juillet pose « un vrai problème d’ordre public ». « Limoges, tonne-t-il, ne ne doit pas être une poubelle sociale. Il n’est pas acceptable que l’on puisse dire que s’y prostituer y est plus facile. ».
Sur le banc de la défense, trois femmes, Mes Édith Verger-Morlighen, Sylvie Ranger-Peyrot et Nathalie Préguimbeau. Elles s’efforcent de démonter le dossier, avancent l’absence d’éléments tangibles prouvant que leurs clients sont des proxénètes.
S’il les a écoutées, le tribunal ne les a pas entendues et prononcé des peines proches de celles requises par le parquet.
lamontagne.fr