Avant les longs discours, je voudrais vous montrer une carte du Cambodge car beaucoup d'entre vous ne connaissent pas ou mal ce pays.
Nous sommes partis passer le week-end à Kompong Chhnang pour travailler et finaliser les projets concernant la poterie et la sauvegarde de la technique du battoir.
Samedi matin, levée 5h, départ de la maison à 5h30 en tuk tuk avec juste trois gorgées de thé pour me réveiller. Rendez-vous devant l'agence de voyage pour attendre un bus qui nous doit nous amener jusqu'aux berges du lac Tonlé Sap mais celui-ci fait la tournée des hôtels avant de venir nous chercher. Il arrivera avec 40 minutes de retard et 6 places assises restantes pour 9 personnes en attente !
C'est la première fois que je faisais la traversée du Tonlé Sap mais surtout je n'avais jamais vu de village flottant migrant (sur des bateaux). J'espère que vous aimerez faire avec moi le début de cette virée, incroyable, fabuleuse et qui après 1 mois et demi de Cambodge était totalement indispensable à ma psyché.
Nous arrivons 5 minutes avant le départ du bateau, juste le temps de poser le sac de fringue, sortir les appareils photos et autres zoom, de monter sur le pont et nous voilà parti pour une traversée de 4 heures.
Seul, le long des berges, les maisons s'entassent, ensuite le lac deviendra une étendue sans fin avec au loin quelques reliefs dessinés à gauche ou à droite du bateau.
Une vie s'est organisée comme vous pourriez l'imaginer dans l'une de nos villages. Les habitants ont leur propre maison bateau où ils vivent en famille avec souvent pas seulement les grands parents mais aussi les oncles et les tantes.
Une école flottante, avec élève distraite à la fenêtre, uniforme pour tous et même terrain de basket sur le toit. Comme pour ceux qui ont grandi face aux Alpes ou au montagne de Corse, dans nos campagnes verdoyantes, vous comprendrez aisément le choc que ses enfants auront le jour où ils partiront pour la ville, ses petits métiers, la rue et les maisons insalubres ...
L'ambiance générale de ces villages même à Kompong Chhnang est très différente de Siem Reap et des villages qui entourent le parc archéologique d'Angkor. Les habitants ne vivent pas au milieu de leurs ordures même si je n'oserai pas me baigner dans les eaux qui nous entourent à cet instant.
Peut être pour les plus avertis, vous trouverez qu'ils ne ressemblent pas beaucoup aux khmères et ils n'auront pas tort, beaucoup d'entre eux ont fui le régime vietnamien sans jamais y retourner, construisant leur vie, ici, sur les bords du lac.
un visage, des couleurs chatoyantes ...
un matin, comme les autres, le rythme s'installe piano piano, chacun commence à vaquer à ses occupations.
Moi qui aime tant ma vie parisienne, je ne serais vivre en Asie sans ses escapades, ses images qui restent gravées dans ma mémoire, qui me nourrissent, qui me dépaysent, me donnent des forces.
La vie des villes ne me suffit pas, ici plus qu'ailleurs.
A moins que le contexte difficile de l'ONG n'amplifie ma baisse de régime. Je n'ai pas encore trouvé à Siem Reap, ce havre de paix, indispensable à mon équilibre.
Un endroit où je me pose, sans regarder mon nombril, je prend des forces, je m'enrichie.
Où je regarde devant moi, sans avoir peur des changements, décisions et autres paroles parfois difficiles à dire mais indispensable pour imaginer un avenir à toute cette aventure.
Je suis naturellement optimiste, je ne sais jamais me taire mais j'avais baissé les bras.
Ce week-end est arrivé à point nommé, j'ai retrouvé l'Asie que j'aime, celui que je découvre un peu plus à chaque voyage depuis mon premier voyage sac à doc en 90 à l'age de 20 ans.
Je me suis souvenue du pourquoi ce séjour au Cambodge, pourquoi j'avais décidé de laisser pendant 4 mois ma vie, mon travail a un moment peu opportun.
La ballade sur les rives du lac s'achève, le bateau accélère, à 11h nous arriverons à Kompong Chhnang. Une petite navette viendra nous chercher et nous déposer sur les berges de la ville.
Les rizières, les potières, nous attendent ... demain est un autre jour