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ScienceHack : “Toujours une nouvelle information”

Publié le 24 juillet 2007 par Timothée Poisot

J’ai récemment pris connaissance de l’existence de ScienceHack, un nouveau site d’indexation de vidéos en ligne, spécialisé dans le contenu scientifique. L’idée m’a semblé vraiment intéressante, à ce point que j’ai demandé plus d’informations au créateur du projet, Rami Nasser.

La première question qui m’est venue est “pourquoi”? Pourquoi ScienceHack, alors que les sites comme YouTube regorgent de vidéos scientifiques? D’après Rami Nasser, même si une grande quantité de vidéos existe, dans la pratique, un grand nombre d’entre elles sont “de mauvaise qualité, peu précises, mal cataloguées, ou sont du spam”. ScienceHack se positionne comme un moteur de recherche, qui indexe uniquement un contenu de qualité, laissant les vidéos discutables en dehors de ses archives.

La plupart de ces vidéos viennent de sites comme YouTube ou GoogleVideos, et durent moins de cinq minutes. Même si ce format peut sembler court, il n’a pas été choisi au hasard. L’objectif de ScienceHack est d’”attirer l’audience la plus large possible”.

Le pari lancé par ScienceHack est ambitieux: “vous apprendrez toujours une nouvelle information en regardant les vidéos [proposées]”. De fait, il est plus facile de rester concentré sur un document court, et d’en retenir l’information principale, surtout si vous vous lancez dans la recherche de vidéos scientifiques de votre propre initiative. Je me souviens du nombre de fois ou j’ai piqué du nez pendant mes cours d’endocrinologie (les aventures du système neuro-endocrinien en 12000 schémas, c’est difficile à suivre) au lycée. Une petite vidéo peut valloir autant qu’une longue dissertation orale…

Quelques questions restaient en suspens. Notamment, comme je l’avais deja mentionné précédemment, le public cible de ScienceHack semble un peu flou. Le site a été concu pour attirer des “high school students“, des lycéens. Ceux qui comme moi luttent contre le sommeil pendant le cours d’endocrinologie? Et, si comme Rami Nasser, on part du constat qu’ils passent “plus de temps à surfer sur le net qu’à lire des livres, et plus de temps à regarder des vidéos qu’à lire des articles”, une initiative comme ScienceHack a toutes les chances de porter ses fruits.

ScienceHack serait donc une adaptation au comportement de l’étudiant lambda, résolument ami avec les nouvelles technologies? Plutôt que de forcer l’étudiant à puiser aux même sources d’informations que celles que nous utilisions en notre temps, pourquoi ne pas se lancer et proposer le contenu sur leur propre terrain? Les blogs, les podcasts, et la vidéo en ligne…

Le projet, en fait, est largement plus ambitieux que la diffusion de vidéos. En permettant aux lycéens de s’intéresser à la science, en utilisant des vidéos adaptées en durée et un support de diffusion qu’ils apprécient, l’objectif est de les encourager à poursuivre des études (et une carrière) en sciences.

Mais pouvons nous avoir confiance dans le contenu? Chaque vidéo soumise au site est analysée via un processus de reviewing, “afin de vérifier sa précision et sa qualité”, dans le but de ne fournir que du contenu en lequel on puisse croire. Bien entendu, ce système est fiable dans la mesure ou le reviewer l’est aussi, et le niveau global du site, d’après les mots de Rami Nasser, est “aussi bon que les reviewers le sont”. Exactement comme wikipedia.

Une des faiblesses du procédé de revue, cependant, réside dans le fait que peu d’informations sont connues sur les reviewers, ce qui peut être un obstacle à l’acceptation de ScienceHack comme une source d’information fiable, notamment par le corps enseignant.

Plus largement, le processus de revue en lui-même est questionnable. Bien que chaque vidéo doive être approuvée par une personne possédant des connaissances dans le domaine, la qualité n’est pas garantie sur le long terme. L’impossibilité de commenter les vidéos empêche de prendre connaissance des éventuelles remarques ou corrections apportées par les utilisateurs. Un lycéen confronté à une vidéo sera tenté de l’accepter telle qu’elle, sans pouvoir pondérer son jugement par l’apport d’opinions externes.

En plus d’approuver la vidéo, il serait intéressant que les reviewers travaillent le texte d’accompagnement, pas toujours aussi complet qu’il le mérite. Les vidéos sont très tendance, très fun, mais l’écrit a une valeur pédagogique non négligeable. Croyez moi, je me viens de me faire taper sur les doigts pour les légendes trop laconiques de mon mémoire…

Le futur de ScienceHack, actuellement en version alpha, est évidemment social. Rami Nasser s’attend à transformer le site en une plateforme ou les utilisateurs pourront “s’enregistrer, soumettre des vidéos, participer à la review, commenter, voter, et recevoir les 10 meilleures vidéos du jour”. Avec à la clé un classement des utilisateurs.

Cet aspect est particulièrement intéressant. La “socialisation” de ScienceHack va permettre à chacun de devenir un reviewer, comme chacun peut devenir encyclopédiste ou professeur d’université dans les projets Wiki*. Espérons que ScienceHack ne perde pas en qualité ce qu’il gagnera en sociabilité…

Parmi les dernières questions que je me posais, se trouve la différence entre JoVE et ScienceHack. Comme on me l’a fait remarquer, alors que JoVE est concentré sur les sciences de la vie uniquement, ScienceHack affiche une volonté d’être pluridisciplinaire. Les vidéos de ScienceHack sont plus portées sur la vulgarisation, et celles de JoVE sur l’expérimentation.

Ma dernière question concernait la gestion des problèmes de copyright, importante quand on choisit de passer une vidéo d’un support à un autre (un blog, par exemple). ScienceHack est en fait un index de vidéos, qui n’héberge pas de contenu propre. De fait, l’équipe n’a pas à gérer les problèmes de droits d’auteur.

Pour finir, je tiens à souligner à quel point un ScienceHack-like en français serait une initiative intéressante. La désafection dont souffrent les filières scientifiques peut être éxpliquée, en partie, par la qualité assez faible de la communication scientifique vers les jeunes étudiants (collège et lycée), bien que des iniatives intéressantes voient le jour. Sans parler de la richesse pédagogique de certains supports de cours…

En sachant combien les images peuvent être plus chargées de sens que des textes seuls, et combien les vidéos peuvent en apprendre plus qu’un suite de schémas, et plus encore chez les jeunes, une initiative de ce type serait à encourager.


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