Mon blog sur la société et la politique française ayant migré sur mon nouveau site j’ai décidé d’utiliser cet espace pour vous raconter une expérience que j’ai démarrée avec mon épouse : nous avons tous deux décidé d’entamer une nouvelle vie d’entrepreneur, sur des projets différents, après avoir été salariés pendant presque quinze ans.
Quinze ans, c’est à peu près le temps qu’il nous a fallu pour construire une petite vie au confort bourgeois, un patrimoine pour assurer l’avenir, un salaire qui nous place dans les 20% de français les mieux payés, et une expérience professionnelle qui nous évite le surmenage au travail. Pourquoi alors prendre des risques et plonger dans le vilain monde du patron exploiteur qui vogue de risques en catastrophes ?
D’abord parce que cette vision est évidemment caricaturale et parce que le confort patrimonial d’une vie ne fait pas forcément une vie riche.
La vie parisienne d’abord. Belle capitale riche de son histoire, de ses monuments, de sa culture et de ses spectacles… à condition d’avoir le temps et l’énergie d’en profiter. La vie en région parisienne (en bord de Seine du côté de Poissy, charmant avec ses canards, bernaches et autres ragondins) c’est d’abord se lever à 6h du matin, courir pour petit déjeuner, sortir les enfants de leur lit au chausse-pied à 7h, courir pour les jeter à l’école, courir pour prendre les transports en commun train ou bus voire voiture selon les cas. A ce stade c’est une petite heure pour terminer sa nuit dans un confort aussi variable que relatif. Et si tout va bien, arrivée au travail vers 9h, au plus tard pour le déjeuner si c’est le jour à pas de chance et qu’un banlieusard plus dépressif que les autres a décidé d’en finir en se jetant sous le train.
Voyage inverse le soir, transport en commun, récupération des enfants à la garderie, maison et dernières forces de la journée jetées dans le repas et l’expédition manu militari de la marmaille au lit.
Voilà toute la richesse d’une vie parisienne confortable de cadres parisiens, avec comme seules respirations des vacances, les plus lointaines possibles. Peut-être que si j’avais été célibataire, j’aurais pu m’en contenter, mais voilà, marié avec deux petites filles, une telle vie finissait plus par avoir le goût du gâchis et des choses manquées plus que celui de la réussite de l’honnête homme. Nous sommes marié et nos enfants sont le ciment et une joie toujours renouvelée pour notre couple. J’avais réussi à ne manquer ni le jour de leur naissance, ni de leurs premiers pas, mais comment être sûr d’être là pour les dessins et poésies ramenés de l’école, les oiseaux qui s’envolent poursuivis par deux enfants qui rient, les premières interrogations sur un monde complexe, incertain mais si enthousiasmant à conquérir ? Je me voyais mal essayant de changer le monde et laisser en jachère mon petit monde à moi.
Le retour en province paru alors s’imposer comme une évidence. Fils de Franche-Comté marié à une bretonne (500 km chacun pour nous rencontrer, il fallait viser juste), nous avons finalement décidé d’aller vers l’océan. Restait à trouver l’opportunité et le lieu de destination. Après quelques tentatives comme une suggestion de création d’une nouvelle agence à mon patron, l’idée a germé d’utiliser la chance qui nous est proposée à tous de changer une fois dans sa vie de profession, avec l’aide de la collectivité. Nous avons monté un dossier de Fongécif, un chacun ce qui était déjà en soit un challenge.
Ce sera l’objet de mon prochain post.