26.10
On a roulés à la nuit et avalé ce qui se donnait de paysage dans les phares, une succession de bandes blanches au rythme lancinant. Comme à la fenêtre passager le clignotement lent de l’éclairage publique illumine régulièrement la vitre et partie de vous même. Et l’appréhension toujours à dépasser les camions dont on ne sait pas si le trajet sera dévié sur vous dans un moment de fatigue. A ces heures chacun porte sa part de plomb. On s’installe si confortablement dans le halo flou et hypnotique qui recule devant nous. Les dernières mesures guitare du Achilles last stand de Led Zep. Un moment loin devant, la nuit égrène les fenêtres d’un train. Bref cinéma comme s’il nous était donné de voir la pellicule survoler le paysage. Le reptile emporte un peu avec lui l’âme de celui qui le voit passer. On est projetés dans la nuit comme à traverser l’espace et le temps. A l’approche de la ville il y a les indications et les bretelles que vous dépassez comme on échappe au tumulte happé par le tunnel de la perspective. Bientôt les rues familières de la ville endormie, de rares silhouettes tardives.