L'habitude du târof (manière de toujours négocier pour que la personne qui vous a rendu un service accepte son dû), récurrente dans tout le livre, est-elle à tel point une institution dans la culture iranienne? Pourquoi ?
Nahal Tajadod : Le târof fait partie intégrante de la culture iranienne. Après trente ans passés en France, je vois encore que je n’ai pas pu me débarrasser du târof. À chaque fois que je refuse quelque chose, mon mari me demande si ce ne serait pas le non du târof. Et trois fois sur quatre, il s’agit du non du târof. Je ne sais pas à quand remonte le târof, mais je suis sûre que c’est un comble de raffinement que de ne pas vouloir s’imposer à quelqu’un, même si celui-ci le désire.
Depuis ce fameux départ, combien de fois êtes vous retournée en Iran ? Cela manque t-il à votre fille ou à vous même ?
N. T. : Je me suis rendue en Iran deux fois, avec ma fille, depuis la sortie du livre. Avec le temps, j’ai de plus en plus envie de retourner là-bas. Ma fille aime beaucoup l’Iran, le premier mot qu’elle a appris à prononcer, après maman et papa, c’était le nom de la montagne « magique » qui encercle Téhéran : Alborz. C’est d’ailleurs par le survol d’Alborz que mon livre se termine.
Comment présagez-vous l'évolution politique et surtout culturelle de ce pays durant les prochaines années ?
N. T. : Nous espérons tous que le processus démocratique s’installe en Iran. Au point de vue culturel, l’Iran est déjà un pays très dynamique et ce grâce à la vitalité de sa société civile. En 2006, les cinéastes iraniens, malgré les problèmes liés à la censure, ont produit 160 longs métrages. Actuellement le grand boom artistique concerne l’engouement pour l’art contemporain. À Téhéran, il ne se passe pas un jour sans qu’un vernissage n’ait lieu. Les artistes iraniens sont de plus en plus côtés dans les ventes internationales. Quand, à Téhéran, vous allez au théâtre, le spectacle se passe autant sur la scène, que dans la…