Comme on dit : c’est quand on perd quelqu’un ou quelque chose que l’on se rend compte que l’on y tient ! Eh bien, je décrète que l’électricité est ma meilleure amie ! Non, je rigole. Pourquoi dis-je cela ? Parce que j’ai passé plus de deux heures dans le noir dimanche soir. Eclairée à la bougie pour diner, éclairée à la bougie pour lire.Des coupures d’électricité, il y en a tous les jours au Liban. Pour moi, c’est trois heures par jours selon un programme bien spécifique. Mais hier, il y a eu un orage en montagne. De violents éclairs s’abattaient sur les hauteurs du Mont-Liban. L’automne s’installe petit à petit au Liban, emmenant avec lui la fraîcheur. Les vestes ressortent des placards et le dépoussiérage des parapluies est entamé.
Dimanche, en quittant le Salon du livre francophone qui se tient jusqu’au 2 novembre à Beyrouth, j’ai vu une partie de la ville se plonger dans le noir. Il était 19h. Généralement les coupures d’électricité n’interviennent que très rarement après 18h à Beyrouth. Mais là, tout le centre ville était éteint. Pas un lampadaire allumé. Pas une vitrine éclairée. Au bout de quelques minutes, les générateurs ont commencé à fonctionner dans leur brouhaha incessant, et la lumière revint… partiellement. Moi qui croyais que les coupures seraient moins fréquentes étant donné que le Liban avait acheté de l’électricité à ses pays voisins, comme l’Egypte ou la Jordanie . Je me suis trompée.
En rentrant chez moi. Idem. Tout le quartier plongé dans le noir, et ce n’est que 2h30 plus tard que nous avons eu droit à l’électricité.
Eclairée un temps grâce à mon téléphone portable ! Vive la technologie ! J’en suis rapidement venue aux bougies. Mais comment cuisiner avec pour seul éclairage quelques bougies ? Avec ma coloc, nous optons pour la livraison à domicile. Bien évidement, en arrivant, le livreur ne peut s’empêcher de faire quelques petites blagues du genre : « vous voyez bien la facture ? ».
Mais sans électricité, on se rend compte que l’on ne sait plus rien faire. Pas d’ordinateur. Pas d’Internet. Pas de télévision. Pas de lumière. Le noir le plus total. Retour au Moyen-Age, avec une bougie dans les mains pour passer d’une pièce à l’autre. C’était très folklorique. M’amusant pour un rien, j’ai bien rigolé au début.
Avec pour seul éclairage une chandelle blanche, j’avançais ma lecture (Les cerfs-volants de Kaboul, de Khaled Hosseini, que je conseille à tout le monde) à la lueur de cette petite flamme dansante. Mais au fil des pages mes yeux me tiraillaient de plus en plus. Le picotement devenait incessant. Il était 21h. Que faire de ma soirée si je ne peux plus lire ? Je décide de continuer avec deux bougies devant mon livre. Mais la délivrance survint une demi-heure plus tard, lorsque le bruit du frigidaire retentit derrière moi. L’électricité était de nouveau là. J’ai parcouru toutes les pièces de l’appartement pour allumer toutes les lumières. Enfin, on y voit. J’ai rallumé mon ordinateur pour lire mes mails et discuter un peu…mais je n’en avais pas envie. Ce petit interlude sans électricité m’a fait du bien. J’ai alors préféré poursuivre tranquillement la lecture de mon livre… à la lumière de ma lampe de chevet.