CLOITRE et BATIMENTS CONVENTUELS DU PRIEURE ST MICHEL DE GRANDMONT

Par Elisabeth Leroy

Datant probablement du début du XIIIème siècle, le cloître, de proportions modestes, est l'une des parties les plus intéressantes de ce prieuré. Bien que restant d'une grande sobriété, il n'est pas dépourvu d'une certaine élégance. Ses galeries probablement remaniées en cours de travaux, (en témoignent des croisées d'ogives à côté de structures romanes de l'ensemble du cloître) sont séparées du préau par un muret de 0,90 m de haut, supportant des colonnettes jumelées, surmontées d'arcs géminés en plein cintre. Les chapiteaux, dans leur ensemble, restent assez sobres. Seules les corbeilles de certains d'entre eux supportent-elles quelques ébauches de feuilles assez grossièrement sculptées. C'est également à partir de ce cloître, dans la galerie Est, que se trouve l'escalier droit et plein qui permettait jadis aux moines d'accéder à leur dortoir. Au centre du préau, un bassin témoigne encore de la présence d'une fontaine jadis alimentée par une source.

Perpendiculaire à l'église, l'aile du levant abritait au rez-de-chaussée le couloir des morts, la salle capitulaire et la salle des moines, tandis qu'à l'étage se trouvaient la cellule du prieur et le dortoir des moines. Le couloir des morts est un passage étroit qui permettait de faire communiquer le cloître avec le cimetière situé au chevet de l'église, ainsi qu'en attestent les découvertes récentes à ce sujet (1983), qui ont permis de mettre à jour plusieurs caveaux et pierres tombales, dont deux très belles tombes wisigothiques datant des Vème et VIème siècles. Ce couloir, qui pouvait également servir de vestiaire pour les moines, était emprunté plusieurs fois par jour par ces derniers pour leur visite au cimetière. La salle capitulaire ne fait désormais plus qu'une avec la salle des moines. Jadis, il s'agissait en effet d'une salle carrée (6 x 6m), voûtée d'une croisée d'ogives sans clef. Pour y accéder, à partir du cloître, on franchit une porte romane flanquée de deux fenêtres ajourées dont les arcs reposent sur deux groupes de trois colonnettes cylindriques. La salle des moines était le lieu de travail des moines, lorsqu'ils ne vaquaient pas à leurs occupations agrestes. Ils pouvaient d'ailleurs accéder directement aux champs par une petite salle voûtée dans le prolongement des deux salles précédentes.

A l'étage, au-dessus des salles, se trouvait donc le dortoir des moines ainsi que la cellule du prieur. Dans cette dernière pièce, il était jadis possible aux moines malades d'assiter aux offices grâce à une petite baie, aujourd'hui murée, percée dans le mur sud de l'abside. Reconstruit au XVè siècle, l'étage est éclairé par cinq grandes fenêtres à croisillons et meneaux.

L'aile sud était occupée par le réfectoire et la cuisine. Complètement remaniées au cours du XIXè siècle, ces pièces ne présentent plus grand intérêt. Quant à l'étage, il a été purement et simplement réaménagé en locaux d'habitation. Un escalier intérieur permet d'y accéder à partir de la grande porte percée au milieu de cette aile.

Enfin l'aile ouest abritait des locaux utilitaires et une salle réservées aux hôtes. Ces salles étaient voûtées d'ogives partant du sol et se croisant sans clef. L'une d'elles, à gauche en rentrant par la cour, vulgairement appelée "salle des chevaliers", comporte une grande cheminée de construction beaucoup plus récente.

A l'étage de cette aile se trouvaient des salles aménagées pour y recevoir le prieur, ce qui explique certains détails d'ornementation, notamment quelques belles fenêtres géminées romanes. Une belle cheminée romane surplombe la toiture de cette aile.

Quant au bâtiment à droite de cette aile, il date probablement du XIXème siècle, date à laquelle le prieuré a été racheté par la famille Vitalis, de LODEVE. C'est également de cette période que date le grand lac à l'est du prieuré, sur l'ancienne carrière de pierres ayant servi à la construction du prieuré. En atteste la plaque datée de 1850, libellée en latin, et ne négligeant pas les jeux de mots entre la famille Vitalis et l'eau vitale.

De cette période datent également les bâtiments situés à l'ouest du prieuré, et qui servirent alors de bâtiments à usage agricole. Des bâtiments actuellement en réfection afin de pouvoir éventuellement y recevoir des séminaires.

Depuis 1980, le prieuré revit à travers des manifestations d'ordre culturel. C'est ainsi que des visites guidées du prieuré et de son immense parc, dont une trentaine d'hectares sont clôturés depuis l'implantation d'une réserve consacrée à l'élevage de cerfs, de biches et de daims, sont programmées pendant toute une partie de l'année. Et dans le même esprit, des concerts de musique sacrée ou de chant choral sont donnés chaque été dans l'église à l'acoustique si exceptionnelle. Un juste retour des choses pour ce lieu magique, habité de tant de souvenirs d'époques plus ou moins lointaines, mais qui ont toutes su apporter leur contribution à l'édifice de notre patrimoine régional.

aile du levant