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Quand trop de zénitude tue la zénitude

Publié le 04 octobre 2008 par Droledeprincesse

Du 2 au 6 octobre a lieu le salon Zen à Paris. Plutôt intéressée par le développement personnel, les médecines traditionnelles, les techniques de relaxation et de bien-être, et d’une nature plutôt curieuse, je m’y suis rendue, bien décidée à en apprendre davantage.

L’affiche donne plutôt envie. Les deux mignonnes ont l’air plutôt saine de corps et d’esprit et respirent la santé. Les exposants sont divers et variés : laboratoires, centres de formation spécialisées dans les thérapies du bien-être, éditeurs, réflexologues, masseurs et autres naturopathes.

A l’intérieur, c’est une autre histoire. Dès les premiers pas, on comprend qu’on s’aventure dans un autre monde. Si quelques acteurs du lieu demeurent bien ancrés dans la réalité et tiennent un discours cohérent et compréhensible qui peut s’inscrire dans une logique de développement personnel rationnel, la majorité nous a quittés pour un univers disons “très différent” et s’envoler vers des sphères fantasmagoriques bien éloignées de la vraie vie.

Pour résumer, ça plane pas mal dans le salon et certains ont déjà bien dépassé le stade du raisonnable. Ils sont ailleurs, loin, très haut, et s’égarent dans un grand “n’importe quoi”, habités par je ne sais quelle force et quelle lumière intérieure qui, à titre très personnel, m’a fait tantôt sourire, tantôt m’émouvoir, tantôt prendre mes jambes à mon cou.

Chacun a sa recette pour convaincre. Un seul point commun : l’encens, jamais tout à fait le même d’un stand à l’autre mais qui, au fil du parcours initiatique, enivre avant de finir par écœurer.

Et puis pour être dans le ton du salon, chaque exposant averti déploie sa panoplie de CD, musiques et sonorités initialement conçues pour relaxer. Mais, entremêlées les unes aux autres et mélangées aux bruits et voix des différents halls de l’espace Champerret, tout cela vire rapidement au brouhaha et a tendance à crisper le visiteur sans jamais le détendre.

Pour ne pas se faire remarquer, ou mieux, se fondre aux badauds en quête de zénitude, il est chic et de bon ton de déguster une assiette bio, un mélange d’herbes germées ou simplement un potage “de légumes moulinés” sur des tréteaux posés à même la moquette synthétique (couleur herbe évidemment !) et décorés de lierre (pour faire plus naturel). Les odeurs de nourriture viennent s’ajouter à celles de l’encens. Qu’importe ! Tout le monde a l’air de se régaler avec la certitude de se faire du bien. On traîne à table, on papote avec son voisin, on s’échange des tuyaux. C’est cher mais il est écrit que c’est bon alors soit ! C’est aussi ça le salon zen ! On est dedans ou on n’y est pas.

Moi, je n’y étais qu’à moitié… J’ai pas vraiment joué le jeu du pique-nique bio. Pire ! J’ai osé siroter une canette de Gerlinéa Vanille devant l’œil médusé des exposants. Ok, y’a mieux, je sais, mais piqueniquer bio (en mâchant bien, c’est ça le secret pour bien digérer) toute seule au bout d’un tréteau, j’ai pas eu très envie à vrai dire !

Chaque allée réserve ses bonnes surprises et quelques illuminés côtoient parfois des exposants disons plus abordables. On trouve de tout sur le salon Zen : des huiles essentielles bien sûr, des coussins pour éviter le mal de dos, des bougies aux formes incroyables, des potions magiques aux mille vertus, des comprimés amincissants, des tisanes dépuratives, des lainages tricotés dans le massif central, des pierres aux pouvoirs magiques, des cosmétiques bio et aussi beaucoup de livres… Et quels livres ! Les titres, évocateurs mais aussi surréalistes, en disent long. Quelques échantillons ont titillé mon imagination. Je ne résiste pas à l’idée de les partager : Encyclopédie du merveilleux des peuples de l’ombre, Jubilation cellulaire, Le chemin du Nirvana, Lève-toi et chante ! Comment capter l’énergie des fées… Et oui, tout cela existe et s’achète bel et bien ! J’ai compté 11 éditeurs sur le salon !

On veut se faire du bien alors on nous promet monts et merveilles : au fil des stands, on peut se laisser convaincre par l’apprentissage du biomagnétisme humain (une “formation déclarée de renommée internationale” raconte la plaquette), évaluer son degré de stress grâce à des capteurs placés sur les mains, les pieds et le front, prendre un bol d’oxygène, mesurer son énergie vitale, se faire prodiguer 1/4 heure de réflexologie plantaire, déguster des boissons à base d’huiles essentielles, se faire maquiller bio… Bref ! La liste est longue.

Les sophrologues côtoient les guérisseurs. Les vendeurs de pains d’épice se frottent à la décoration d’intérieur Feng Shui. Les naturopathes retournent sur les bancs de “l’école du Rêve éveillé libre”. Les consultants en développement personnel s’allongent sur “les coussins qui font du bien”.

En résumé, il y a beaucoup de tout et de n’importe quoi sur ce salon. Tout reste très superficiel, méli-mélo de techniques éprouvées et de charlatanisme/amateurisme déguisé.

En prenant un peu de recul, on peut toutefois se sensibiliser à certaines techniques et médecines douces, se familiariser avec l’idée de se faire du bien et progresser dans la connaissance de son propre corps et donc de soi. Un premier pas en somme.

Episode suivant : Médecine douce et Thalasso / Le salon du bien-être du 5 au 9 février 2009. A suivre !


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