“Le nouveau Amélie Nothomb est un éloge de ce qui fait pétiller la vie” argumente François Busnel (L’Express) dans une chronique intitulée “Champagne”.
La promesse de quelques bulles… Il n’en a pas fallu davantage pour me donner envie de plonger dans ce roman à la couverture étrangement envoutante.
Le Fait du Prince est l’histoire d’un individu solitaire et sans histoire, Baptiste Bordave, qui coule une existence paisible et monotone jusqu’au jour où un homme sonne à sa porte, pénètre dans son appartement puis s’écroule quelques minutes plus tard pour ne jamais plus se relever. L’occasion est trop belle pour troquer une vie morne et sans relief contre une existence nouvelle.
En un clin d’oeil, sans remord ni pitié, Baptise Bordave devient donc le richissime Olaf Sildur.
Il entre dans la villa versaillaise et dans la vie de cet homme mort à ses pieds, comme si de rien était, s’incruste dans son intimité et prend ses aises, jour après jour, auprès de son épouse scandinave qu’il s’autorise à aimer comme sa propre femme. La belle partage avec lui des bulles de Champagne dont elle fait sa nourriture exclusive, sans jamais s’interroger vraiment sur cet imposteur qui excelle dans le rôle de son défunt mari, sans rien connaître de lui.
Le roman, déroutant et dérangeant, regorge de petites phrases succulentes qui font sourire et rendent l’imposteur (débutant mais culotté) presque sympathique.
“Je voulais vivre à grandes enjambées, m’exalter d’exister. Rien de tel que d’adopter l’identité d’un inconnu pour connaître l’ivresse du large (…) “Existe-t-il des vacances plus profondes que de prendre congé de soi-même ?”
Puis, en parlant de l’épouse de l’homme dont il a usurpé l’identité : “Mon prédécesseur avait bon goût. Elle avait le physique de la Scandinave rêvée, grande, svelte, blonde aux yeux bleus, les traits assortis à la finesse générale. Le mieux, c’est qu’à son insu, elle était ma femme. Je souris en terminant mon assiette. Quelle situation délicieuse. Je ne savais pas son prénom”.
“Je me retrouvai dans la situation enviable de mari, sans devoir subir les formalités d’usage”
Et, lorsqu’elle accepte de tout quitter pour suivre celui qu’elle sait être un parfait inconnu : “Je l’aidai à faire sa valise, choisissant les robes qui me plaisaient le plus. J’admirai la désinvolture avec laquelle elle abandonna le reste de sa vie”.
Le Fait du Prince, un roman qui décrit comment l’absurde devient possible grâce à un coup de pouce du destin, beaucoup de culot, un peu de chance et surtout l’ivresse du Champagne…
Le Fait du Prince - Amélie Nothomb - Albin Michel - 15,90 €