Rue de la violence

Par Tepepa

Milano trema : la polizia vuole giustiza
Sergio Martino
1973
Avec : Luc Merenda, Richard Conte

Un petit Dirty Harry local infiltre la pègre pour venger son supérieur, qu’il aimait bien malgré que contrairement à lui, celui-ci était du genre à respecter la loi. Ce qu’il va découvrir au cours de son enquête n’est pas piqué des hannetons.

Le début comblera les amateurs : la musique est en effet signée des frères De Angelis, déjà responsables (coupables selon certains) de l’inimitable musique de Keoma. Des bandits s’évadent d’un train, ils ont des trognes de dogues et ils suent comme du jambon au mois d’août. On reconnaît Antonio Casale (photo à gauche) le sudiste mort dans la diligence dans Le bon la brute et le truand, l’un des chasseurs de prime du Grand Duel, on est donc en terrain connu d’autant que ça canarde de partout, des pères de famille y passent, et leur progéniture itou quand elle ne veut pas cesser de brailler. Houu, c’est vicieux, c’est sale, ça grince, ça pue la mort. L’Italie des années de plomb ne respirait décidemment pas la joie de vivre. Après cette intro pour le moins crispante, le film prend un drôle de tour, plutôt ennuyant, il faut dire que Sergio Martino (réalisateur de Mannaja) prend son temps pour montrer l’infiltration lente et poisseuse du flic dans le milieu. On devrait être sans doute être ravi de voir un flic se comporter en crapule, en mac, en braqueur, mais ça ne fonctionne guère, la faute sans doute à un Luc Merenda pas mauvais mais au jeu assez insignifiant, voire ingrat. Puis après une ou deux courses poursuite bien faites mais qui font mal aux oreilles à cause des sirènes incessantes, l’intrigue prend un nouveau tour assez passionnant, genre politique dévoyée de voyous, coup d’état en devenir, corruption à tous les étages, tournicoti, tournicota. Le Dirty Harry milanais découvre que certains ont l’ambition de mettre en application ses méthodes à grande échelle, sans prendre de gants. Va-t-il rejoindre cet ordre facho-crapulo-secret, notre Luc Merenda national ? Si comme moi vous pensez que c’est sauvagement pompé sur Magnum Force (le deuxième opus réconciliateur des Dirty Harry) et bien comme moi vous vous trompez, Milano Trema étant sorti le 22 août 1973 en Italie et Magnum Force le 25 décembre 1973 aux Etats Unis. Pour le coup, ce coté un peu sombre et le caractère légèrement énigmatique du héros rachètent le film et viennent récompenser notre patience : on ne regrette pas d’avoir suivi ce film jusqu’au bout, même si on s’ennuie un peu au milieu de certaines scènes réchauffées !