Sur un sujet de société beaucoup plus complexe qu’il n’y parait, nombreux sont ceux qui se sont contentés d’une information trop partielle, alors qu’une analyse complète s’impose. Voici un éclaircissement.
Un jugement mitigé sur l’ouverture des magasins le dimanche
D’après le sondage Ifop, les Français se montrent à travers ces deux sondages très légèrement favorables à une ouverture des magasins le dimanche (52%). Parmi les pro-ouvertures, seuls 21% se disent « tout à fait favorables ». A l’inverse, respectivement 48% personnes interrogées n’y sont pas favorables, parmi lesquelles 36% affirment n’y être pas du tout favorables.
Remarquons au passage que les deux instituts qui ont traité cette question donnent des résultats très proches, comme le montre le tableau suivant :
L’ouverture des magasins le dimanche Sondage Ifop Sondage CSA
22-23 septembre 15-16 octobre
Tout à fait / Plutôt 52 52
- Tout à fait favorable 22 21
- Plutôt favorable 30 31
Plutôt pas / Pas du tout 48 45
- Plutôt pas favorable 12 12
- Pas du tout favorable 36 33
Ne se prononcent pas - 3
TOTAL 100 100
Deux sondages contradictoires
A la question de savoir s’ils seraient prêts à travailler le dimanche, les deux instituts semblent cette fois apporter des réponses divergentes. Ceci est lié à une façon de poser la question et à des possibilités de réponse différentes :
Ifop
CSA
Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous… ?
Vous même, seriez-vous prêt à travailler le dimanche si vous étiez payé double ?
Total OUI
67%
Total OUI
50%
Oui, toujours
17%
Oui tout à fait
31%
Oui, de temps en temps
50%
Oui plutôt
19%
NON
33%
Total NON
49%
Non plutôt pas
7%
Non pas du tout
42%
Ne se prononcent pas
-
Ne se prononcent pas
1%
Ces résultats ne sont pourtant pas à opposer l’un à l’autre. L’échelle utilisée par l’Ifop semble plus adaptée à la question comportementale, malheureusement, le chiffre retenu de ce sondage (le total oui s’élevant à 67%) rassemble des réponses qui sont très différentes. Du côté de CSA, l’échelle semble plus adaptée à une question politique, et par rapport à une telle échelle, les interviewés ne peuvent pas se projeter sur la façon dont ils pourront intégrer le travail le dimanche à leurs habitudes de vie. Ainsi, il est difficile de savoir où l’on retrouve les « Oui plutôt » de CSA dans l’échantillon de l’Ifop. Et les deux totaux ne sont absolument pas comparables l’un à l’autre, les populations qu’ils regroupent n’étant pas les mêmes.
A cela s’ajoute que l’échelle proposé par l’Ifop induit que la proposition de l’employeur n’est pas systématique. La question posée par CSA ne contient aucune indication de fréquence, il est envisageable que les personnes interrogées aient compris qu’il s’agissait de travailler tous les dimanches.
Travail : le « oui mais » des Français
Au-delà de cette problématique « sondagière », penchons-nous toutefois sur la réponse des Français. Comme indiqué ci-dessus, l’échelle de réponse CSA ne paraissant pas vraiment adaptée au sujet étudié, nous nous concentrerons sur les résultats de l’étude Ifop.
Tout d’abord, n’oublions pas l’intitulé de la question : « Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous … ? »
Au regard des résultats exposés ci-dessus, la seule analyse que l’on pouvait donner de ce sondage est qu’un Français sur deux est prêt de temps à temps à travailler le dimanche à la demande de son employeur, en partant du principe que le travail le dimanche est payé davantage qu’en semaine. En revanche, seule une part limitée des Français accepterait de travailler tous les dimanches (17%) alors qu’un tiers de la population ne semble pas prêt à travailler le dimanche (33%).
La réponse qu’apportent les Français à la question du travail le dimanche semble donc être la suivante : travailler le dimanche, c’est envisageable, à la condition que ce soit payé davantage qu’en semaine, que cela soit juste occasionnel et qu’ils puissent choisir : un moyen de gagner de « l’argent de poche » pour affronter des périodes de l’année où ils aimeraient avoir un peu plus d’argent : Noël, les vacances d’été, la rentrée de septembre par exemple…