Ecrire. Toujours. Peu importe le lieu, l'heure, le support. Ecrire est un besoin, une nécessité. Coucher sur les papier des mots, les aligner, y mettre du sens, une manière de m'approprier le temps, de le ralentir, de retenir des émotions fugaces,de les voir se matérialiser sur papier ou sur un écran d'ordinateur. C'est devenu addictif, au point que je n'arrive plus à m'en passer. Ce désir impérieux de prendre la plume, ou de caresser le clavier, petit à petit s'est imposé à moi. Et tous les jours, j'y souscris. Tous les jours, je m'y attelle. Tous les jours j'y prends plaisir. Tous les jours, les émotions sortent du bout de mes doigts, comme autant de larmes que mes yeux ne feront pas couler.
Bien entendu, selon les moments, les instants passés en compagnie de mes mots sont douloureux quand il me renvoient à mes propres expériences, ludiques quand il ne s'agit que d'amuser la galerie, ou du moins que je voudrais qu'il ne s'agisse que de ça, et pas d'une défilade pour cacher mon vrai moi.
Car j'ai beau écrire, encore et toujours, je me cache malgré tout un peu. Que ce soit derrière de l'humour, ou des sentiments déguisés, des anecdotes ou de la fiction, si un peu de moi transparait, c'est juste parce qu'il le faut bien, parce que sinon, mes textes ne seraient pas vivants, pas vrais.
J'allonge les minutes, je prolonge à l'envi des instants . Écrire est ma seule arme pour les retenir. C'est devenu d'une certaine façon un acte de terrorisme envers mes sentiments. A la fois, les vider de leur contenu, les désosser, ronger jusqu'à leur carcasse, et les analyser, pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils m'apportent, pour ce que voudrais qu'ils ne soient pas là, parfois.
Écrire, quelque part, c'est accepter de se sentir faible, et se débattre de toutes ses forces pour ne pas se noyer...C'est investiguer une part de soi qui reste inconnue aux autres, c'est aussi savoir travestir son impudeur, se révéler tout en restant dans l'ombre, accepter que la lumière entre, mais pas trop, par petites touches...
J'ai cessé d'écrire pendant environ cinq ans. Cinq longues années de cris dans le silence, de retenue, de rébellion contre ces choses qui voulaient sortir de moi, malgré moi.
Maintenant, j'assume mes mots, et mes maux.
Pour tout ça.
Écrire.