à la Biennale de Venise jusqu’au 21 Novembre.
Arrive un moment où, classant mes notes, je ne sais plus quel thème unificateur trouver comme titre du billet, le 4ème sur la Biennale. Beauté calme, peut-être.
Dans un pavillon dessiné par Aalto, la Finlandaise Maaria Wirkkala présente une installation très poétique, Landing prohibited. Un bateau noir rempli d’une eau rougeâtre oscille doucement sur une mer faite de morceaux de verre pétrifié et poli: mémoire des vacances de l’artiste jeune à Venise, évocation des bateaux d’immigrants clandestins, splendeur passée de Venise, le tout dans la beauté dépouillée de ce pavillon. Cliquez sur les photos pour mieux voir.
Le pavillon israélien (bien mieux que les chefs d’oeuvre du Musée de Tel-Aviv) est occupé par la jeune Yehudit Sasportas qui montre et cache des paysages finement dessinés en noir et blanc, évocateurs d’Orient. Des panneaux coulissants occultent ici ou là ces dessins qu’on devine alors à travers les fentes, reconstituant mentalement l’image complète à partir de ces bribes. Des barres de bois soutiennent et scandent le tout. C’est un travail mystérieux, dépouillé, évocateur d’un autre monde. Son titre, les Gardiens du Seuil, accentue le mystère.
Le Suisse Yves Netzhammer présente une immense installation où vous passez de peintures murales (ci-contre; beaucoup d’autres photos sur son site) à des vidéos projetées au plafond, que vous admirez depuis des chaises longues; vous allez ensuite dans une soupente où, couchés au sol, vous contemplez un film d’animation d’une infinie douceur. Des cyber-personnages sans visage dansent, se touchent, jouent; des excroissances poussent sur les corps, dans lesquelles on plonge, ouvrant la porte d’autres mondes, nageant soudain au milieu de baleines, volant avec des oiseaux. C’est une poésie douce et tragique, un monde absurde et apaisant, on peut y rester des heures.
A côté, dans le pavillon russe, Connection Lost / Field of Lonely Hearts est une installation lumineuse d’Andrey Bartenev, faite d’un container à l’intérieur couvert de miroirs : dans 50 sphères lumineuses tourbillonnent les mots “Connection Lost” autour d’un coeur solitaire. Les miroirs répètent ce motif à l’infini. Au delà de l’effet disco, un peu hypnotisant, l’artiste semble jouer sur la connexion et la solitude, sur l’ensemble et les parties. Les deux filles silhouettées sur la photo dansent sur une musique silencieuse.
Les immenses sculptures murales de Giuseppe Penone, Sculptures de lymphe, couvrent tous les murs d’une pièce. Est-ce notre peau et la lymphe qui l’irrigue ? Est-ce l’écorce d’un arbre et sa sève ? La main touche l’arbre, clandestinement, la matière vit sous les doigts, c’est magique (et ça permet d’oublier le ridicule BHL dans la pièce à côté).
Enfin, dans le pavillon espagnol, à côté des belles installations de Rubén Ramos Balsa (vu à Paris au Prix Altadis), le cinéaste José Luis Guerin couvre les murs de photos dérobées de femmes dans la rue, belles, surprises, détendues : Les femmes que nous ne connaissons pas. Ca peut évoquer une chanson de Brassens ou un photographe tchèque du même acabit que vous verrez à Beaubourg au printemps 2008.
Calme et beauté, donc. Demain, ironie ? Sans doute un peu de vrac, aussi.
Photos de l’auteur, excepté Netzhammer (courtoisie Biennale et galerie Anita Beckers) et Guérin (scan du catalogue). Wirkkala et Penone sont représentés par l’ADAGP : les photos de leurs oeuvres seront ôtées du site à la fin de la Biennale.