Josyane Savigneau en duo de complicité avec jean d’Ormesson, sur un plateau de télévision, reprenait l’opinion de Toni Morrison affirmant “Cela fait longtemps qu’il (Philip Roth) aurait dû avoir le prix.”(Nobel). De quoi accentuer le complexe d’un écrivain qui le décrit si bien!
L’article du Nouvel Obs du 22/10/08 interroge donc celle qui fut le dernier écrivain américain à recevoir le Nobel de Littérature (1993) et qui réagit aux propos sévères tenus par Horace Hendghal, secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise: les auteurs américains sont trop «isolés» et «ignorants» pour rivaliser avec la littérature européenne!
Ambitions déçues de part et d’autre de l’Atlantique! Qu’importe! On espère que l’auteur de “Portnoy et son complexe”, subtil observateur de la société qui le détermine, humoriste accompli conduisant son lecteur à la vision distanciée que lui-même sait opérer, s’amuse de cette guerre des susceptibilités froissées…
Pour en revenir à l’énigme, n’est-ce pas, il s’agissait bien sûr, de se moquer des mines défaites et des jugements condescendants! Car bien sûr, Le Clézio n’a pas pris la place d’un Philip Roth. Ce n’est d’ailleurs pas ce que dit Toni Morrison dont on déforme les propos. Et avec elle, gageons qu’un jour, ce dernier obtiendra cette suprême et lucrative distinction.
En tout cas, “dans ses fictions, Roth s’est incarné en divers personnages, dont le plus marquant et le plus récurrent est Nathan Zuckerman, son alter ego, son double — comme lui écrivain juif américain, comme lui né dans la petite ville de Newark, New Jersey, comme lui New-Yorkais d’adoption et englué dans des relations de couple à jamais conflictuelles. Salué par la critique, des deux côtés de l’Atlantique, comme l’un des grands romanciers contemporains, Philip Roth a dû attendre, en France, la publication de Pastorale américaine, en 1999, et surtout de La Tache (2002, plus de 300 000 exemplaires vendus) pour accéder à un large public”..
(extrait de l’article de Télérama référencé dans le premier paragraphe).
Dans son ouvrage “Le sein”, par exemple, Roth, singeant Kafka dans “La Métamorphose” où Grégor Samsa se voyait transformé en énorme scarabée, raconte la transformation d’un professeur de littérature en un sein gigantesque. Une réelle gageure à travers laquelle l’auteur conduit son récit de la fantasmagorie au comique déjanté: “une plongée fascinante dans l’univers d’une sexualité hermaphrodite refoulée, une parodie autant qu’une étude de la psychanalyse, ainsi qu’un clin d’œil aux thèmes chers à Philip Roth comme le poids de l’hérédité juive américaine.”
La photo de Philip Roth est empruntée à l’article “Philip Roth, grand corps malade”, d’Anthony Palou du O5/11/07. Le Figaro Magazine