Aux états-unis, les élections approchent et si le candidat Obama à la côte, c’est loin d'être le cas des machines de vote électroniques qui remplacent désormais, dans une majorité d’états, les bulletins de vote papier.
Le vote anticipé, qui vient de commencer, (les électeurs américains ont la possibilité de voter en avance, s’ils estiment être absent le jour officiel de l’élection) a permis d’observer d’ores et déjà quelques dysfonctionnements qui ont relancé la polémique.
En Virginie de l’Ouest, il semble que des machines n’aient accepté d’enregistrer les votes pour Obama qu’au bout d’une seconde tentative. Ces erreurs, signalées par des électeurs mécontents ont été immédiatement corrigées. Ici, ce n’est apparemment pas la fiabilité de l’appareil qui est mis en cause, mais l'ergonomie. L'espace est si étroit entre les deux boutons sur l’écran tactile que voter pour Obama, peut facilement déclencher un vote pour Mac Cain ! (et inversement). voir la vidéo
Mais, cela n’a fait que revivre une suspicion, qui, comme le rappelle le New York Times est basée sur de troublants antécédents.
"Après la débâcle des élections de l’an 2000, les Américains ont exigé un meilleur système de vote. Ce que nous avons obtenu est une nouvelle technologie avec des nouveaux défauts."
Le quotidien New-yorkais cite à charge 3 cas d’élections dans lesquelles les présomptions de fraude sont fortes et… indémontrables. Car c’est bien là le principal reproche fait à cette technologie.
Un des exemples les plus étonnant est certainement l’élection du gouverneur de l’Alabama , qui eu lieu en 2002.
Don Siegelman, démocrate, qui était allé dormir au soir des élections en pensant qu'il avait gagné, à eu la mauvaise surprise de se réveiller avec un gouverneur Républicain à la tête de son état. En effet, le comté républicain de Baldwin a indiqué lors d’une vérification qu'une erreur des machines avait attribué à M. Siegelman, environ 6000 voix supplémentaires. Quand elles ont été soustraites, Rob Riley, Républicain, l’a emporté par environ 3000 voix d’avance.
James Gundlach, professeur à l'Université Auburn, s’est penché sur l’affaire et a conclu que M. Siegelman a été victime d’un "bourrage des urnes électronique" qui a peut-être été réalisé par un opérateur qui a accédé à l'ordinateur et en a modifié les résultats. Même si certains contestent cette version, elle illustre bien le malaise qui saisit les électeurs et les médias vis à vis du vote électronique.
De plus en plus de voix s'élèvent pour mettre en garde les électeurs et affirment que ce système ouvre la voie à la fraude électorale à grande échelle.
Une vidéo, intitulée "comment voler les élections" circule en ce moment sur Youtube et explique qu’un bidouillage est toujours possible.
Réalisée par des ingénieurs de la Princeton University, elle démontre qu’un programmeur malveillant peut agir sur le logiciel et pratiquer une fraude électorale indétectable sur une machine Diebold, celle dont les bureaux de vote américain sont équipés .
Une solution, qui consiste à garder une trace sur papier du décompte des voix (ce qui n’est pas prévu dans près de la moitié des états), peut permettre une vérification indépendante et la possibilité de recompter les bulletins à la main. Mais dès lors, le bénéfice de la rapidité du dépouillement électronique disparait.
"Alors que les présidentielles approchent, la vraie surprise de cette fin d’année pourrait bien être un résultat douteux sur des machines de vote électronique que l’on ne peut pas vraiment contrôler." conclut le journaliste du NY Times.
Effectivement, si le vote électronique a fait de grands progrès dans la fiabilité, il semble qu’il ai encore un long chemin à parcourir quand il s’applique à des sujets aussi sensibles que la démocratie d’une nation.
Photo annexe:
Des machines à voter étaient déjà en services à New York dans les années 1890 .