Le belle introduction au tuba de François Thuillier et le premier solo de trompette de Fabrice Martinez nous mettent la puce à l’oreille, ce concert ne sera pas ordinaire et le travail sur les sons élaborera des univers étranges, certainement jubilatoires. Et ça démarre, ça déménage ! Après un clin d’œil à Beethoven avec Mail à Élise, l’ensemble des musiciens prend le concert à bras le corps. En témoigne un jubilatoire Crouch Touch Engage, mêlée de sons, de confrontations entre instruments, de passes et d’échappées en solos débridés. On assiste à une profusion d’idées, en toute liberté, de la plus folle à la plus domptée, sous la houlette et le sourire bienveillants d’Andy Emler. À la joie sonore se greffe un spectacle convivial, tonique, drôle, communicatif. Des « ouvertoires » alternent avec les pièces les plus longues. Un intermède à la voix : « Marguerite, es-tu là ? » où Thomas de Pourquery est traduit en simultané par un Laurent Dehors délirant. Déjà convaincue par la musique, la salle éclate de rire ; elle suivra aussi les indications vocales d’Andy Emler en un chœur loufoque. Il ne faudrait pas croire pour autant que ce sont des clowns ces musiciens : ils jouent, beaucoup, avec art et inspiration ; ils nous scotchent par leurs sonorités, leur culture et leur virtuosité. Concert jubilatoire et belle musique, quelle soirée !
Marie-Françoise