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samedi, 25 octobre 2008
Primé magré les pressions chinoises
Le Prix Sakharov honore le dissident Hu Jia malgré les menaces de Pékin
Jeudi 23 octobre, 21h40
Yann OLLIVIER
Le Parlement européen a décerné jeudi son Prix Sakharov pour la liberté de pensée au dissident chinois Hu Jia, à la veille d'un sommet Asie-Europe à Pékin, qui a exprimé son "fort mécontentement" après avoir exercé en vain de fortes pressions diplomatiques
Le Prix est décerné à "Hu Jia au nom de tous les sans-voix de Chine et du Tibet", a souligné à Strasbourg le président du Parlement, Hans-Gert Pöttering.
Hu, 35 ans, a été condamné en avril, à l'issue d'une journée de procès, à trois ans et demi de prison pour tentative de subversion pour des propos publiés sur internet et des entretiens accordés à la presse étrangère.
Il avait été arrêté peu après avoir participé en novembre 2007, via une téléconférence depuis sa résidence surveillée, à une réunion du Parlement européen sur les droits de l'Homme en Chine en amont des Jeux Olympiques de Pékin, a précisé à l'AFP l'eurodéputée écologiste Hélène Flautre, qui l'avait présidée.
Les Etats-Unis ont salué jeudi la décision des eurodéputés, appelant à sa libération immédiate, tout comme Berlin, où le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a exhorté Pékin à envisager une "suspension de peine".
Evoquant une action "emblématique", la secrétaire d'Etat française aux droits de l'Homme Rama Yade a également souligné que "M. Hu Jia doit retrouver sa liberté".
Les organisations Human Rights Watch a aussi appelé le gouvernement chinois à libérer immédiatement le dissident et à mettre un terme au "harcèlement et à la surveillance de sa femme Zeng Jinyan et de leur fille Qianci".
Zeng Jinyan s'est réjouie que son travail ait reçu "la reconnaissance de tous", estimant qu'un "soutien envers Hu Jia ne peut que lui être bénéfique à long terme".
Elle a également indiqué que son mari, malade du foie, avait récemment été rapproché de sa famille et qu'il bénéficiait dans sa nouvelle prison d'un meilleur traitement médical.
L'honneur fait à Hu jette de l'huile sur le feu des relations déjà tendues entre la Chine et l'UE, après la répression des émeutes de mars au Tibet, et la campagne des organisations non gouvernementales à l'occasion des JO.
A Pékin, le ministère des Affaires étrangères a exprimé son "fort mécontentement" concernant l'attribution du Prix "malgré nos démarches répétées à un criminel emprisonné en Chine".
Il a néanmoins ajouté que cela n'affecterait pas le sommet Asie-Europe, alors que sont attendus vendredi à Pékin 43 chefs d'Etat et de gouvernement des deux continents.
Sur place, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a d'ailleurs assuré jeudi que "tous les sujets, y compris ceux qui sont parfois sensibles" comme les droits de l'Homme seraient abordés au sommet.
La Chine a multiplié ces derniers jours les pressions sur le Parlement européen, comme elle l'avait déjà fait début octobre lorsque le nom de Hu Jia avait été cité parmi les possibles Prix nobel de la Paix.
Ces intimidations se sont avérées "contre-productives", a commenté une porte-parole de M. Pöttering.
Dans une lettre du 16 octobre dont l'AFP a obtenu copie, l'ambassadeur de Chine auprès de l'UE, Song Zhe, avait averti le président du Parlement que faire de Hu Jia le lauréat 2008 "heurterait inévitablement le peuple chinois et détériorerait sérieusement les relations entre la Chine et l'UE".
Evoquant une "victoire pour les prisonniers d'opinion chinois", l'organisation de défense des journalistes Reporters sans Frontières a tout particulièrement salué, à cette occasion, le "courage" du M. Pöttering.
Outre Hu Jia, l'opposant bélarusse Alexandre Kozouline et l'abbé congolais Abbot Apollinaire Malu Malu étaient en lice pour le prix Sakharov 2008.
Décerné par le Parlement européen, le Prix récompense depuis 20 ans des personnalités luttant pour les droits de l'Homme.
La récompense sera solennellement remise à Strasbourg le 17 décembre au Parlement.
Doté de 50.000 euros, il a honoré notamment l'ancien président sud-africain Nelson Mandela, la militante birmane Aung San Suu Kyi, et l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan.
14:17 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Trackbacks (0) | Envoyer cette note | Tags : europe, chine, droits de l'homme, politique, diplomatie
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