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La sensation de perdre pied aujourd'hui après une séance de grande excitation hier s'est imposée avec une grande part des opérateurs absolument paniqués. Nous retrouvons là l'ambiance évoquée plus tôt au début de ce mois d'octobre. C'est à dire un marché qui est passé de la perte de repères à la perte de contrôle avec ce même constat de 'dislocation' en tous points mettant en présence de plus en plus de domaines qui se dérobent littéralement sous les pieds pratiquement partout (hors liquidités ou cash, obligations à court terme des états les mieux notés et l'once d'or dans certaines devises) Si cet article avait été réalisé à mi-séance et non en fin de journée comme c'est le cas, le mot 'chaos' aurait émergé...
Outre une volatilité historique, les bourses asiatiques qui était à surveiller (comme vu mercredi avec la bourse de Séoul
qui donnait un signe précurseur à ne pas négliger) ont dégringolé dans la nuit avec Tokyo qui a perdu - 9,60 % donnant aux bourses européennes une couleur rouge sang très rapidement. Plus tard en
pré-ouverture de Wall Street, les 'futures' qui donnent un peu la tendance avant l'ouverture ont du être 'gelés' car ils se trouvaient en seuil limite de baisse tel qu'autorisé par
les procédures 'coupe-feu' (principe détaillé pour le CAC 40 dans l'article intitulé Marchés financiers : perte de
repères)
Une première depuis le 11 septembre 2001.
Nous sommes là en présence d'un marché aux réactions purement irrationnelles, l'euphorie alimente l'euphorie et
s'auto-entretient largement via une mécanique liée à la psychologie de masse ou des foules par mimétisme. Nous retrouvons là les mêmes effets mais en sens inverse, la peur, la
panique et la panique qui engendre la panique, l'entretient et la décuple et la fait naître de manière de plus en plus vive puisqu'il faut désormais très peu de choses pour la déclencher sur un
terrain devenu très sensible et réactif. Rien de financier, comptable ou de rationnellement causé.
Sur le fond, la vague déferlante trouve son origine dans l'aversion au risque, la restriction des crédits et la volonté de se désengager des actifs qui sont adossés à des dettes. On vend les
actifs pour rembourser les dettes. Plus les actifs étaient montés grâce aux effets de levier plus à l'inverse les débouclages sont violents (deleveraging), plus les opérations de yen carry trade
ont généré de liquidités plus on déboucle ses opérations à l'inverse etc...
Face aux anciens trous creusés dans les portefeuilles et dans les positions, la frange des opérateurs les plus fragiles qui doivent respecter des seuils de prudence, des ratios prudentiels ou des
niveaux de couverture devenus insuffisants ou tout simplement qui sont appelés dans l'heure à couvrir leurs positions sont placés devant l'obligation de vendre, ce qui engendre d'autres cascades
vendeuses. Le marché est entré dans une phase où il engendre des pertes malgré lui pour en couvrir d'autres... On creuse des trous pour en combler d'autres, simplement.
D'un point de vue technique, ce flot vendeur et encore renforcé par les ordres STOP pré-programmés ou placés à titre de sécurité qui créent un feu roulant nourri mitraillant à tout va les
ordres de 'ventes'. La construction tombe. la dynamique inverse a pris de la vitesse (Crise financière : au secours ...mais qu'est ce qui se passe ?! ) Des opérateurs sont en situation financière précaire, de quasi-faillite, bradent, soldent, tentent de survivre.
Une forme d'épuration, de liquidation des plus faibles dans la jungle à la manière d'un documentaire animalier.
Le CAC 40 revient se coller juste sous son support désormais donc devenu résistance.
Les monnaies ont été très affectées avec le débouclage du carry trade (Cf.Le YEN : un chef d'orchestre des liquidités
magistral ) l'euro perdant - 5,50 % contre yen (un tel différentiel
entre devises sur une séance est proche de l'ordre du Krach), le dollar - 3,50 % contre la devise nippone. La livre sterling a connu jusqu'à 4 % de baisse contre $ et a réalisé un plus bas
historique contre euro avant de reprendre l'avantage.
'Le mur de la dette' évoqué dans le 2nd lien au milieu de cet article n'arrive visiblement plus à être escaladé malgré les efforts des autorités à renflouer et à faire
repartir la machine. L'orientation est à la sécurisation, à la vente préventive comme hâtive, basée sur des mesures de prudence ou de survie. L'endettement était le moteur, il est maintenant
l'endroit d'où il faut sortir. Là où chacun fait le décompte de baisses de - 5, - 10, - 15 % ou plus se trouvent le plus souvent derrière simplement à la base une dette qui a été purgée par
la vente d'un actif. Les zones les plus endettées, pliant sous le fardeau de dettes s'érodent. Les dettes les plus pourries sont tombées au travers du 'subprime', elles tombent
graduellement dans d'autres tranches désormais.
Le yen monte ?! L'économie japonaise serait-elle un havre de paix économique ou si florissante et attractive pour draîner des capitaux prêt à s'investir chez elle ? Non les opérateurs ont
emprunté en yen pendant des années à des taux proches de zéro pour aller les replacer dans des actifs plus juteux qui ont alors grimpé sous ce feu de nouveaux achats dans d'autres devises.
Nous assistons à la vente d'actifs pour aller rembourser les yens empruntés. Pour rembourser, il faut vendre des actifs libellés en dollars (par exemple), récupérer ainsi de la monnaie soit des
dollars puis les reconvertir en yens pour solder son emprunt. Le yen s'envole donc avec cette masse qui veut détenir des yens pour se désengager.
Le CAC 40 perd - 3,54 % à 3 193,79 points. Le DAX 30 - 4,96 %, toujours le plus lourd désormais et le Dow Jones ferme à 8 378,95 points en baisse de - 3,59 %.
Renault va suspendre des usines de production pour une à deux semaines. La crise est là sur le terrain et non plus seulement dans les écrans de trading. Standard & Poor's a dégradé sa note de
crédit avec une perspective 'négative'.
Ambiance du jour ? Le marché nettoie les dettes.