Stèle diablinte

Par Amaury Piedfer

On sait que l'époque celtique, avant la conquête romaine, ne nous a légué que peu de monuments encore en élévation ; l'essentiel de ce que nous savons des l'architecture et des aménagements des Gaulois nous a été livré par l'archéologie. Dans l'Ouest de la Gaule, pourtant, subsiste un type de monument particulier, dont la distribution occupe tout le massif armoricain, de la Cornouaille au Calvados, en passant par le territoire des Diablintes (Mayenne actuelle), comme ici à Jublains. Il s'agit de stèles, de taille diverse, pour la plupart érigées aux VIème et Vème siècles av. J.-C., dont la fonction funéraire est démontrée par leur association fréquente, du moins pour celles trouvées en contexte d'origine, avec des sépultures. Ces stèles, dont la hauteur varie entre 3 mètres à une cinquantaine de centimètres, avaient pour vocation de marquer l'emplacement d'une sépulture, d'en renforcer la dignité et la visibilité, la signalant à l'attention de tous ; certaines, d'après leurs dimensions et leur décors, avaient sans aucun doute une fonction de monument commémoratif, à la manière de nos monuments aux morts aujourd'hui ; elles rappelaient aux vivants leur appartenance à une communauté enracinée dans le temps et l'espace. Elles sont parfois décorées de riches motifs géométriques, de symboles solaires (triskèles, swastikas), de spirales ou d'entrelacs, leur conférant une valeur esthétique et manifestant un système de pensée. Longtemps confondues avec les menhirs du Néolithique, elles avaient donc un rôle bien différent.Les stèles funéraires gauloises étaient l'expression de la conscience communautaire inscrite dans la durée.