"Tôt ou tard s'en aller par les ruisseaux devant nous jusqu'au milieu d'une mer quelconque sur le pont brisé d'une jonque. On va tôt ou tard s'en aller
Quelques vestes froissées, quelques cartons en morceaux dans les brouillards huileux de la nuit Juste nos corps frileux endormis sur quelques vestes froissées
J'avais des rêves pourtant. J'avais des rêves. J'avais des rêves pourtant
Voir les trains s'éloigner les plafonds chargés de bijoux et tous ces gens attablés, heureux et nous sur les bas-côté, fiévreux de voir les trains s'éloigner
Quelquefois les enfants demandent: Comment fait-on pour finir ici? Sans doute, je dormais sur une feuille et l'automne m'a surpris !
J'avais des rêves pourtant. J'avais des rêves. J'avais des rêves pourtant
Mais tôt ou tard s'en aller par les ruisseaux devant nous jusqu'au milieu d'une mer quelconque. Sur le pont brisé d'une jonque on va tôt ou tard s'en aller" -tôt ou tard s'en aller-francis cabrel- "Pour ce rythme inférieur dont t'informe la Mort Pour ce chagrin du temps en six cent vingt-cinq lignes Pour le bateau tranquille et qui se meurt de Port Pour ce mouchoir à qui tes larmes font des signes
Pour le cheval enfant qui n'ira pas bien loin Pour le mouton gracieux le couteau dans le rouge Pour l'oiseau descendu qui te tient par la mainPour l 'homme désarmé devant l'arme qui bouge
Pour tes jeunes années à mourir chaque jour Pour tes vieilles années à compter chaque année Pour les feux de la nuit qui enflamment l'amour Pour l'orgue de ta voix dans ta voix en allée
Pour la perforation qui fait l'ordinateur Et pour l'ordinateur qui ordonne ton âme Pour le percussionniste attentif à ton coeur Pour son inattention au bout du cardiogramme
Pour l'enfant que tu portes au fond de l'autobus Pour la nuit adultère où tu mets à la voile Pour cet amant passeur qui ne passera plus Pour la passion des araignées au fond des toiles Pour l'aigle que tu couds sur le dos de ton jeans Pour le loup qui se croit sur les yeux de quelqu'un Pour le présent passé à l'imparfait du spleen Pour le lièvre qui passe à la formule Un Pour le chic d'une courbe où tu crois t'évader Pour le chiffre évadé de la calculatrice Pour le regard du chien qui veut te pardonner Pour la Légion d'Honneur qui sort de ta matrice Pour le salaire obscène qu'on ne peut pas montrer Pour la haine montant du fond de l'habitude Pour ce siècle imprudent aux trois quarts éventé Pour ces milliards de cons qui font la solitude
Pour tout ça le silence" -requiem-léo ferré