Pas de grands billets quotidiens sur la FIAC cette année, seulement ces quelques notes.
Le Prix Marcel Duchamp sera décerné samedi. Pas de pronostic, mais une opinion. La pièce de Stéphane Calais, en hommage à ee cummings, est trop littéraire pour mon goût, elle manque de force propre. J’aime beaucoup le dérangement qu’apporte Michel Blazy, mais ce qu’il présente ici n’a pas la gaieté irrévérencieuse des pièces vues à Tokyo il y a deux ans : ses gros parallélépipèdes jaunasses qui s’effondrent manquent vraiment d’attrait. La vidéo de Laurent Grasso (en haut) est pleine de charme mystérieux : une énorme roche qui s’élève du sol, puis retombe doucement; la référence à Magritte est évidente, un peu trop. C’est charmant, mais pas étonnant. L’installation de Didier Marcel est celle qui emporte mes suffrages, toujours aussi ancrée dans la terre, dans la matérialité, avec un discret hommage à van Gogh.
Quant au Prix Ricard, qui sera décerné ce soir, j’ai eu un peu de mal à faire mon choix, aucune pièce ne m’emballant vraiment, peut-être parce que l’exposition s’ouvre sur quelques grands artistes (Opalka, Hains, Buren, Jacquet, Levé) et qu’on trouve ensuite que les petits jeunes ne font pas tout à fait le poids. J’ai hésité entre Julien Discrit, Cyprien Gaillard et Gyan Panchal, et j’ai finalement voté pour ce dernier : un travail toujours sur le matériau, un grand bloc de polystyrène imprégné de pétrole
Enfin, quelques oeuvres marquantes au hasard des stands.
D’abord, au Grand Palais, Shilpa Gupta chez Yvon Lambert, avec un travail assez différent de ce que j’avais vu jusqu’ici, Blame. On entre dans une pièce couloir aux murs à étagères, baignant dans une lumière rouge; sur les étagères, 600 petits flacons de sang avec des instructions mettant en lumière l’absurdité des définitions par le sang, nationalisme, religion, racisme. C’est une installation très prenante, dans lequel (là encore), notre corps est en jeu, rougi, oppressé, gêné.
Ensuite, bien sûr, les Chapman sur le stand White Cube, et en particulier les aquarelles d’Adolf. Et puis, chez Timothy Taylor, quelques pièces de Susan Hiller, trop méconnue en France.
A la Cour Carrée, avant tout, l’installation La Fabrique de Tania Mouraud chez Dominique Fiat, une pièce entière, résonnant du bruit des métiers à tisser plusieurs mètres à la ronde. Une multitude d’écrans et de moniteurs et ces tisserands indiens à la tâche (voir vidéo ici).
Et aussi les photos de performances de Jiri Kovanda chez gb agency et la boîte à mystères de Nicolas Darrot chez Eva Hober.
Voilà donc, un peu paresseussement je le reconnais, quelques découvertes à faire dans les allées de la FIAC.