Un ami à qui je l'avais prêté me remet ce roman que j'avais, il y a deux ans, beaucoup aimé, comme le peu des autres livres que j'ai lus de cet auteur. Je retrouve quelques passages que j'avais alors soulignés, aveux désabusés du narrateur qui reconnaît, songeant au passé, qu'il n'était pas fait pour occuper [s]a propre existence :
J'étais un jeune homme plein d'avenir, je suis un homme sans passé. On se gaspille. [...] On vit au jour le jour, on transige comme on peut avec le désespoir, on s'amuses et tout à coup on compte avec épouvante le temmps qui a passé : quoi ? j'en suis là ? je suis devenu ce septuagénaire distingué ? où est mon espoir ? Où est mon avenir ? Le bonheur était toujours pour demain et en attendant je courais les plaisirs. La nuit va tomber : que le jour a été bref ! À peine si le soleil atteignait le zénith, à peine l'été flambait, je me dressais joyeux, le regard braqué sur l'horizon, le paysage est devenu trouble, je me suis frotté les yeux, c'était la presbytie.
Vendredi matin, et pourtant le soleil, de l'automne déjà sur le déclin, chauffe par la fenêtre.