La colline de l'ange

Par A_girl_from_earth

LA LOMA DEL ANGEL

( LA COLLINE DE L'ANGE )

Quatrième de couv' :
"Don Candido de Gamboa, un aristocrate de La Havane, esclavagiste et trafiquant, engrosse une pauvre négresse. Une petite bâtarde naît: Cecilia, qui deviendra plus tard une superbe mulâtresse.
Ayant appris la trahison de son mari, doña Rosa se fait engrosser par le cuisinier noir de la maison des Gamboa. Le rejeton - Jose Dolores Pimienta - sera élevé dans l'entourage de Cecilia.
Juste revanche de la Providence: Cecilia séduira le jeune Leonardo, fils légitime de don Candido et doña Rosa, tandis que Jose brûlera d'un amour secret pour Cecilia.
A partir de ce charmant canevas romanesque dont l'intrigue se situe au début du XIXe siècle, Reinaldo Arenas, jouant sur tous les registres du fantastique, de l'humour et de la parodie, nous entraîne dans un magistral chassé-croisé de meurtres, de révoltes d'esclaves, de mariages avortés et de passions souveraines...

Inspiré par Cecilia Valdes de Cirilo Villaverde, un classique qui est à la littérature cubaine ce que sont Don Quichotte ou Les Misérables aux littératures espagnole et française, La Colline de l'Ange n'est pas un "à la manière de". Véritable réappropriation, l'oeuvre nouvelle trahit le modèle sans vergogne pour nous donner une lecture moderne de "l'éternelle tragédie de l'homme, faite de solitude, d'incommunication, d'une inexprimable intranquillité qui poussent à rechercher un amant idéal, lequel ne saurait être que le miroir - ou le reflet- de nous-mêmes"."

L'auteur:
Reinaldo Arenas est un écrivain cubain, romancier, nouvelliste et poète, né le 16 juillet 1943 à Holguín et mort le 7 décembre 1990 à New York. Persécuté par le régime castriste pour son homosexualité, il s'était exilé aux USA en 1980. Il raconte son histoire dans sa biographie Antes que anochezca (Avant la nuit). Sa vie est également retracée dans le film Before night falls réalisé par le peintre et cinéaste new-yorkais, Julian Schnabel.

Classique cubain revisité donc, réadapté à la sauce Arenas... Je dois dire que j'ai été assez sceptique au début, surtout à la lecture de la trame (cf 4è de couv') qui m'avait fait penser à ces schémas classiques "A aime B qui aime C", que l'on voyait au collège en étudiant Molière (sauf qu'ici c'est couleur locale avec un contexte historique particulièrement intéressant qui met en cause l'esclavagisme à Cuba et tout ce qui s'ensuit).
Je me plonge tout de même, et de page en page, je me laisse séduire par ce véritable vaudeville carnavalesque, truffé de fantaisie et de loufoquerie.
J'ai particulièrement aimé la façon dont l'auteur narre l'histoire, la déroulant pas à pas, personnage par personnage, en leur dédiant à chacun un court chapitre, contribuant ainsi au rythme sambaesque (pas trouvé mieux lol) de l'intrigue.
Les personnages sont hauts en couleurs, pittoresques, les situations burlesques et grivoises, on se régale à les suivre.
J'ai adoré aussi le clin d'oeil de l'auteur à l'auteur original ("son rival" lol), avec les personnages qui lui demandent de rendre des comptes, j'ai trouvé ce passage vraiment délirant.
Il n'est pas indispensable d'avoir lu l'oeuvre originale pour se repérer ici, cela dit, il est très difficile d'apporter une appréciation sur une oeuvre revisitée quand on ne connaît pas l'originale. Il y a certains passages sur lesquels il ne fait aucun doute quant à l'apport d'Arenas, cependant, j'aurais bien aimé savoir à quel point cette oeuvre diffère de l'originale. A en croire une connaissance qui m'a donné envie de découvrir ce roman, le classique est "intéressant autant que chiant". L'humour dont fait preuve l'auteur ici est-il aussi absent de l'originale que ça? Les personnages ne sont-ils pas aussi burlesques, le style narratif (le découpage en chapitre dédié à chaque personnage par exemple) est-il complètement autre?
Je médite encore sur ce point de vue d'Arenas qui est "persuadé qu'en prenant comme matière première un argument connu, on peut faire preuve d'une bien plus grande originalité créatrice, car libéré du souci d'une intrigue spécifique, on atteint l'essence pure de l'imagination, donc de la véritable création."
Mmmh... je médite je médite...