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UBS : nos pirates aux Caraïbes

Publié le 24 octobre 2008 par Kalvin Whiteoak

On a déjà eu l’occasion de dénoncer ici la maladresse insigne avec laquelle le Conseil fédéral s’est laissé entrainer vers la formation d’une société de domicile aux iles Cayman pour y “loger” les actifs pourris de l’UBS.

Il y a bien eu quelques tentatives d’explications officielles qui ni les unes ni les autres ne tiennent la route une seule seconde: rapidité de création, on faire une SA suisse en 24 heures, surtout quand on s’appelle BNS. Impôts, rien à cirer, de toutes façons la société fera des pertes, et donc l’impôt n’est pas vraiment un problème. Et le serait-il que dans un cas comme celui-ci il était aisé au CF de décider qu’il s’agissait d’une SA spéciale exemptée. Attaque par les USA ou des créanciers ….si des créanciers, des actionnaires ou autres victimes des errements de l’UBS veulent obtenir réparation, c’est en Suisse qu’il faudra le faire ou devant un Tribunal de New York.

Bref toute cette opération menée en catimini au départ (les communiqués officiels du 16 octobre ne pipaient le mot sur les iles Cayman) ne sert strictement à rien, voire plutôt dessert au plus mauvais moment l’image d’une place financière déjà passablement écornée par les imbécilités des traders et gestionnaires de l’UBS.

Il est en revanche une raison dont personne ne parle et qui doit donc être la bonne justement, en tous cas dans l’esprit des tortueux stratèges fédéraux: constituer une société suisse en lui apportant comme actifs des clopinettes sans valeur, signer que ces actifs en ont (de la valeur, contrairement à la vérité), et le certifier comme contrôleur aux comptes est un délit pénal (faux dans les titres, au minimum). Par ailleurs, une seconde après sa création, une telle société devrait passer des amortissements tels qu’elle n’aurait de fait jamais vécu autrement qu’en état de faillite, et donc avec l’obligation de le signaler au juge.

Or nos braves édiles estiment sans doute qu’ils ont déjà assez fait de sottises comme ça sans encore devoir se retrouver en plus devant le juge pénal et le juge civil, pour une infraction grave et un risque manifeste de faillite et de responsabilité subséquente.

Il est même d’ailleurs imaginable actuellement que ce choix qui a été dûment caché au contribuable et aux parlementaires dans un premier temps finisse par changer. Car même Micheline Calmy-Rey a laissé entrevoir l’autre soir que d’autres solutions seraient possibles, manifestement gênée par ce choix dans ses convictions personnelles mais n’osant pas trop rompre une collégialité de rigueur.

En attendant, tout ce bastringue a notamment contribué à faire descendre l’action UBS à son plus bas historique ce vendredi et il est maintenant assez clair que le plan dit de sauvetage no 1 ne servira à rien. Ou la banque aura disparu en décembre et le débat parlementaire nécessaire ne sera plus urgent du tout, ou alors le Conseil fédéral (hypothèse la plus vraisemblable) va nous resservir une nouveau menu avec sans doute cette fois une société à Monaco et un compte bancaire à  Andorre ….

A suivre


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