L’Etat et les français : les cocus n’y croient plus guère
Face à la crise, les Français placent d’abord leurs espérances dans les initiatives individuelles. Interrogés par CSA à la suite de l’intervention de Nicolas Sarkozy du 25 septembre, ces derniers misent d’abord sur le citoyen pour réduire l’impact de la crise. Plus étonnant encore, alors que l’amalgame aurait pu être fait entre dérive financière et capitalisme, les entreprises constituent le second acteur auxquels les Français font confiance pour résorber la crise.
Le gouvernement n’apparait qu’en quatrième position, inspirant confiance à 47% seulement des Français, un score qui doit beaucoup aux sympathisants de droite, qui à 86% estiment avoir confiance dans l’équipe de François Fillon pour réduire l’impact de la crise financière en France, dans un élan qui n’est peut-être pas étranger aux réflexes partisans
De même, les Français sont minoritaires -47% d’entre eux- à avoir confiance dans le président de la République. La structure de ses soutiens est néanmoins légèrement différente, ce dernier suscitant davantage encore la méfiance des sympathisants de gauche, tandis que les sympathisants du modem sont 35% à lui faire confiance contre 31% pour François Fillon.
Action de Sarkozy : les commentateurs applaudissent, l’opinion publique n’y croit guère
Bref, l’action de Nicolas Sarkozy est loin de provoquer l’unanimité. Si le Président de la République a suscité les éloges des leaders d’influence- même le grand ennemi, François Bayrou s’est senti obligé de reconnaitre la bonne gestion du président- sa cote de popularité n’a pas profité de son activisme.
En octobre, selon un sondage BVA pour l’Express, 54 % des Français ont indiqué avoir une mauvaise opinion du chef de l’Etat soit une baisse de 6 points par rapport au précédent baromètre. A sa décharge, Nicolas Sarkozy est aussi le catalyseur des difficultés individuelles : comment pourrait-il gagner en popularité alors que ses administrés voient tous les clignotants de l’économie assombrir leur situation à venir ?
Mais au-delà de l’effet exutoire, le président semble aussi critiqué pour sa méthode :dans le même sondage BVA, les Français avaient le choix entre 4 adjectifs pour qualifier l’action de Nicolas Sarkozy face à la crise actuelle : désordonnée / inefficace / Appropriée / Rassurante.
Or l’action de Nicolas Sarkozy est d’abord jugée désordonnée -par 31 % des Français-. Il est certain que le sujet est technique, complexe et que les tractations au sein d’organes lointains comme la Commission Européenne ou l’ONU ont pu sembler éloignées des préoccupations des concitoyens. Il est vrai enfin, qu’une communication trop intense de la part de l’exécutif risquait de provoquer une dramatisation contre productive.
Petit Nicolas se démène sans résultats
Dans ce contexte, un sondage d’Opinion Way pourrait en apparence redonner du baume au cœur au Président. Ainsi, selon cette étude, 60% des Français estiment que Nicolas Sarkozy gère bien la crise. Ce résultat, que le Figaro s’est empressé de mettre en première page, est en réalité une claque pour le Président. Car le même institut a réalisé quelques jours plus tôt une étude selon laquelle 66% des Français estimaient que le gouvernement n’était pas vraiment en mesure de protéger les français contre la crise, contre 14% d’un avis contraire.
En d’autres termes, les Français jugent que le président a bien agi. Mais qu’il ne peut pas grand-chose.
La guerre du bluff
Ces résultats sonnent comme une menace dans l’équilibre précaire d’une crise qui repose avant tout sur la confiance. Dans ce jeu de poker menteur, deux remparts empêchent encore notre pays de sombrer dans une crise :
- la confiance dans les banques. Dans un sondage BVA pour BFM publié le 08 octobre, 84% des Français estiment que leur banque ne risque pas d’être mise en faillite dans les prochaines semaines. Une confiance qui risque fortement de s’éroder si des banques de détail, pourtant jugées sûres, venaient à subir les mêmes déconvenues que la Caisse d’Epargne.
- La maturité de nos concitoyens qui n’ont pas cédé à la panique. Mais l’équilibre est précaire. Si d’aventure, le vent de panique irrationnelle de la place financière venait contaminer l’économie réelle, si le scepticisme envers l’Etat venait à se transformer en défiance, alors les Français, qui continuent à consommer, 0,6% de hausse en septembre selon L’INSEE, risqueraient de sombrer dans le même écueil que la planète finance. Aggraver la crise par le simple fait de l’énoncer.