Le dernier roi d’Ecosse – La folie des grandeurs

Parfois, cumuler un taf avec pas mal d’horaires, la préparation d’un court métrage, une vie perso… ne me permet pas de voir tous les films que j’aimerai. Le dernier roi d’Ecosse fait partie de ceux là. Ayant loupé sa sortie en salle, j’ai pu enfin me rattraper en DVD et vérifier que Forest Whitaker méritait bien l’oscar qu’il a gagné pour son interprétation.

Le dernier roi d’Ecosse – La dictature sous toute ses coutures

Nicholas, jeune médecin idéaliste fraîchement sorti de l’école et en rébellion contre son avenir tout tracé, décide de partir en Ouganda pour faire de l’humanitaire. Le hasard lui fait rencontrer Amin Dada, qui vient de se blesser dans un accident de voiture. Les deux hommes sympathisent vite et Nicholas se voit proposer le poste de médecin personnel du dictateur. Mais sous cet homme débonnaire et rigolard, Nicholas va découvrir petit à petit l’un des pires meurtriers africain du 20ème siècle…

Une affiche pas forcément très jolie, mais qui en trois mots décris le personnage : Charmeur, séducteur, dictateur

Ce film est un grand film. Autant commencer par le dire. Sa plus grande force, au-delà de son interprétation sur laquelle je reviendrai plus tard, est de décrire Amin Dada avant tout comme un homme. La Chute (film allemand qui présentait les derniers jours d’Hitler) avait le même parti pris et avait déclenché une levée de boucliers débiles. En faisant de ces personnages le diable incarné, le grand public oublie parfois qu’ils sont avant tout des hommes, avec leurs forces, leurs faiblesses et avant tout leur folie.

La rencontre entre Amin Dada et Nicholas

Et Amin Dada ne déroge pas à la règle. Cet homme sympathique se transforme en monstre à partir du moment où il accède au pouvoir, totalement rongé par la parano. Persuadé que tout le monde complote contre lui, il va laisser petit à petit le masque de la gentillesse se fissurer pour laisser apparaître toute sa folie. Le personnage de Nicholas nous parle donc forcément puisqu’il est à la fois témoin et acteur de ce changement, de ce glissement inéluctable. Par les mauvais choix qu’il fait, il montre aussi des failles qui conduiront presque à sa perte.

Ayant étudié en Ecosse, Amin Dada met en valeur les traditions de ce pays

Avec un sujet aussi délicat, Kevin Macdonald s’en sort haut la main, car ses personnages sont tout sauf lisses, savent glisser du génial au pitoyable, de la force à la bassesse la plus totale. Impression encore renforcée par l’excellente interprétation de James McAvoy dans le rôle de Nicholas (croisant d’ailleurs Gillian « Scully » Anderson en blonde étonnement sexy ). Mais aussi bon que soit McAvoy, son interprétation fait grise mine auprès de celle de Forest Whitaker.

Cet acteur, adepte de la scientologie, a une filmo des plus étranges, alternant gros navet ( Battlefield Earth, le nanar de la sciento avec Travolta), production intimiste indépendante (le très bon Ghost Dog), séries télé (deux saisons de The Shield où il est brillant) et blockbusters… Bref une carrière relativement imprévisible qui ne lui a pas donné très souvent l’occasion de trouver un rôle à sa mesure.

Nicholas (James McAvoy) au chevet d’un dictateur parano

C’est bien simple, dans Le Dernier Roi d’Ecosse, il ne joue pas, il est Amin Dada. Une interprétation extrêmement réussie, où il saisit avec beaucoup de finesse la dichotomie du personnage, entre le personnage médiatique ultra charismatique et le dictateur s’enfonçant petit à petit dans son propre délire paranoïaque et mégalomaniaque.

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, courrez vous procurez l’excellente édition double DVD qui propose en outre des bonus particulièrement intéressants avec un très bon cours d’histoire sur l’Ouganda. Un film brillant et nécessaire.

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