Un équipage hétéroclite embarque pour une chasse au trésor...
Un roman d'aventures salué par la critique pour son originalité et son humour, aux portraits archétypaux de personnages
délurés, qui n'a pourtant pas réussi à m'emporter au large ni à m'enthousiasmer. Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour l'ouvrir, sans aucun doute ce n'est pas le type de lecture que je
recherche en ce moment, ou peut-être suis-je vraiment totalement dénuée de tout sens de l'humour ! "D'une manière générale, l'ambiance à bord n'est pas top. Ca allait très bien pendant la semaine de
cabotage, et dès que Malebosse est montée, d'un coup, l'ambiance s'est dégradée. Il y a des gens comme ça.
Elle se tient en retrait. Elle a été mise à l'écart car elle-même se tient à l'écart et dans un
groupe ceux qui sont en retrait sont suspects." (p.
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 25 novembre à 20:23
Cette traversée, pour moi du moins, s’est vite muée en grand calme plat dans les plus mornes des sargasses. Pour le dire platement, je ne me souviens pas de m’être emmerdée à ce point durant une lecture. Un salmigondis de péripéties gratuites, faux coups de théâtre téléphonés, descriptions et narrations foireuses entrecoupées de platitudes pseudo-philosophiques. Malgré de louables tentatives de créer l’écriture à géométrie variable que requiert ce genre d’ouvrage, pas un seul instant la magie du verbe n'agit. L’auteur lui-même a dû se barber à rédiger ce balourd pensum, qu’un tapage médiatique voudrait nous faire prendre pour une divertissante parodie du roman d’aventures mais qui nous assène dès les premières pages la juxtaposition de cerises insipides sur un bâton informe. Je l’imagine poussant un « Ouf ! » de soulagement à l'écriture du mot "Fin". « Yes, I could ! ». Bien sûr, puisque c'est paru chez un « grand », les thuriféraires appointés ne manquent pas de coller à ce magma informe le qualificatif tellement galvaudé, d’ "initiatique". Je les engage à relire London, Melville et Swift pour retrouver, s’ils en sont capables, le sens de ce terme associé au roman d’aventures, réelles ou fantastiques. Pour une fervente de lectures, c’est un crève-cœur de constater dans quel bourbier mercantile patauge aujourd'hui une édition française – pardon, un book-bizness parisien – qui nous a donné Chateaubriand, Hugo, Balzac, Zola, Proust, pour ne citer que de grands anciens…
Mais il y a pire : dès les premières pages, m’a envahie un sentiment de déjà-lu. Et un titre m’est revenu à l’esprit : « Mes Grandvoyages à travers le vaste monde », de Françoise Pirart, paru en 2000 aux éditions Luce Wilquin. J’ai repris l’ouvrage et des similitudes aussi nombreuses qu’étonnantes m’ont sauté aux yeux. Passons sur les anachronismes voulus, un mélange de primitivisme et de modernité, les villes abracadabrantes, les précisions géographiques fantaisistes, les peuplades aux mœurs grotesques pastichant les nôtres, les noms locaux rappelant notre quotidien technologique, le passage sans transition des banquises aux forêts tropicales, des incendies aux inondations, plus tous les moyens de transport imaginables, y compris montgolfière et radeau : ils font partie de la panoplie inhérente à ce genre d’ouvrage, et leur ressemblance peut être l’effet du hasard (quoique, avec une telle accumulation… !) Par contre, la proximité de certains personnages sidère. Le capitaine Belalcazar de Pluyette évoque l'Onc' de Pirart, la Fontaine de l’un les accompagnatrices de l’autre… Chez les deux, des personnages apparaissent et disparaissent sans raison pour reparaître plus tard de façon tout aussi aléatoire (mais, avec chez Pirart, une cohérence interne du récit qui fait défaut à Pluyette). Surtout, le Jean-Philippe de “La traversée” est une copie conforme du Gâlafron mâtinée du Comte des “Grandvoyages” : changements de taille, tantôt “bon” et tantôt “méchant”, cadavre transporté qui ressuscite de but en blanc, découverte de sa propre voie en fin de périple… Interpellent également la construction identique, parodique « à l’ancienne », en chapitres avec leurs titres pseudo-descriptifs souvent loufoques, les digressions, les discours pseudo-scientifiques, les ruptures stylistiques, les énumérations… Jusqu’à une énigme avec solution à l'envers, comme dans les revues pour jeunes, que l’on trouve à la page 85 des “Grandvoyages”, à la page 247 de la “Traversée”. Mais alors que les changements perpétuels de style, chez Pirart, collent parfaitement au côté pataphysicien de son road-movie, avec une unité d’inspiration jouissive, sans que jamais l'idée de "gratuité" ne vienne à l'esprit, tout me semble aléatoire et fabriqué chez Pluyette, comme s'il devait trouver n'importe quoi pour faire avancer le schmilblick jusqu'au terme des trois cents pages fixées, sans la moindre nécessité interne. Bref, je suis intimement convaincue de ce que « La traversée du Mozambique par temps calme », sans être à proprement parler un plagiat de « Mes Grandvoyages à travers le vaste monde », en est à tout le moins une – mauvaise – resucée. À chacun de se faire une opinion, mais il me paraît impossible de se prononcer sur l’un sans avoir lu aussi l’autre.