Je suis depuis avant-hier soir au Havre pour participer aux traditionnelles Rencontres Nationales des Agences d’Urbanisme. Dans ma jeunesse le Havre était un bastion communiste inoxydable abandonné depuis à la droite mais aussi la tête de pont de nos rêves vers l’Angleterre et sa musique. Little Bob, le rockeur local est peut-être l’artiste que j’ai le plus vu sur scène, dans les MJC caennaises lors des années soixante-dix débutantes et même en première partie d’Eric Burdon à la Bourse du Travail. Ecoutez Little Bob et en particulier son « Live in the Dockland » enregistré au Havre, c'est-à-dire à la maison, pour le 30ème anniversaire de la carrière du petit Piazza en 2005. C’est juste et énergique. Juste énergique ! Les plus nostalgiques d’entre-vous pourront se délecter, en visionnant le DVD joint, de versions, après tout encore dignes, de « Midnight to six man » et « Come see me » des Pretty Things avec, s’il vous plait, deux vieux chauves, Phil May et Dick Taylor en personne.
Le Havre, pour toute une génération, c’est aussi Philippe Garnier l’un des chroniqueurs fétiches du Rock & Folk de la belle époque, l’un de ceux qui nous a fait humer l’air et les airs de l’Amérique. Ancien disquaire Havrais, Garnier était chaque mois notre officier traitant en Amérique et peu à peu les lecteurs de Libération ont pénétré les couloirs abandonnés du vieil Hollywood des séries B et les recoins magnifiques d’une littérature américaine cachée grâce à Philippe Garnier.
Les choses apparaîtront aux plus jeunes d’entre-nous comme au mieux subalternes et au pire pathétiques mais Garnier, notre grand frère américain, nous a aussi fait (re)découvrir Hammett et Bukowski, John Fante mais également un goodis mystérieux.
Reconstruite après la guerre par l’immense Auguste Perret, inscrite au Patrimoine de l’UNESCO, la ville du Havre mérite…