Précision, on parle ici de la méthode à froid, Cold Process en anglais, même si on chauffe les huiles, car le savon n'est pas cuit.
Les pas à pas
Je ne vais pas vous refaire ce qui a été si bien fait par d'autres...
Alors je vous renvoie à l'hoolistique blog-notes...
Pour d'autres images vous puurrez aussi visiter le pas à pas de Thomaëlle ...Ou encore le site du Savon artisanal.
Pour voir si le mélange atteint la trace, j'ai lu deux versions :
- Il se forme une trace qui reste lorsque qu'on "fait un trait" à la surface du mélange
- Si on laisse tomber un peu du mélange sur la surface il ne coule pas et forme une trace.
Dans la pratique, c'est un peu pareil...
Photo site le Savon artisanal
Si vous n'utilisez pas de mixer plongeant (au passage, veillez à utiliser un mixer dont les parties métalliques sont bien inoxydables...), cette trace pourra être très longue à venir selon les huiles choisies. Pour un savon pur olive mélangé à la main, la trace pourra mettre des heures à venir.
A l'inverse certains additifs (dont pas mal de fragrances chimiques) accélèrent considérablement la trace, et on se retrouve avec une masse de savon difficile à mouler. Dans ce cas, éviter les moules individuels et mettre en gros moule.
Je me permets d'insister sur quelques points :
- Bien se protéger
- Bien préparer et peser tous les ingrédients à l'avance, prêts à être utilisés
- Effectuer la phase de dissolution de la soude dans un endroit extrêmement ventilé, si possible effectuer tout le processus dans un endroit aéré.
- Bien verser les perles de soude dans l'eau et non le contraire
- Avoir à portée de main une cuvette d'eau froide pour abaisser la température des huiles ou de la soude si nécessaire et un bain-marie qui reste chaud pour réchauffer les huiles si nécessaire
- Avoir à portée de main une réserve d'eau vinaigrée pour neutraliser la soude en cas d'incident. Bon ça, l'effet du vinaigre est controversé. En cas de soude sur la peau, rincez vraiment très longtemps, si la brûlure est peu étendue et peu profonde, traiter comme une brûlure classique, sinon...Direction les urgences. Si il y a projection dans l'oeil, on rince et là urgences obligatoires.
La température à laquelle faire le mélange.
En ce qui concerne les températures, ayant eu cette superbe ayant démarré par une démo par Hooly, j'ai choisi de retenir la température qu'elle pratique à savoir, 46 à 48 °C pour les huiles et la solution de soude avec donc maximum 2°C d'écart entre les deux. Toutefois, j'ai entrevu quelques indications donnant des températures différentes selon le type d'huile utilisé...ce qui ne semble pas illogique car cela doit influencer la réaction de saponification...Pour le moment, j'en reste à ces températures...
De nombreuses savonnières pratiquent à température ambiante... Solution de soude préparée à l'avance ou lessive de soude achetée déjà diluée, huiles solides fondues, ajout des huiles liquides non chauffées et donc mélange d'huiles "tiède", voir froid. les bains-marie deviennent alors inutiles.
A vous de voir...
La phase de gel : Encore une histoire de température !
Dans les deux pas à pas mis en lien, vous noterez qu'on indique d'isoler les moules (couverture, glacière, four...) après avoir verser la pâte de savon fraîche. Ce maintient au chaud va permettre la poursuite de la saponification qui est incomplète au moment de la trace. Cette évolution va être exotherme (générer de la chaleur) et la consistance de la pâte va se modifier, pouvant aller jusqu'à se reliquéfier temporairement sous forme d'un gel translucide...Ca y est...Vous avez fait le lien ! ;-)
Cette phase gel peut être amplifiée par certains ingrédients, tout particulièrement le lait. On recommande de ne pas isoler les savons au lait sous peine d'effet volcan.
La taille des moules joue aussi sur l'apparition de la phase gel. Les gros moules y sont plus favorables que les moules individuels.
Cette phase peut laisser des différences de coloration et de consistance dans un pain de savon.
Certaines savonnières préfèrent ne pas isoler les moules et les laisser à température ambiante.
A vous de voir !
La cendre de soude
Mais qu'est ce que c'est ?
Il s'agit d'une fine pellicule poudreuse de couleur blanc-gris qui se forme à la surface des savons lors du séchage, particulièrement à la surface des moules avant le démoulage. J'avoue sécher sur sa nature chimique...Mais il paraît qu'elle n'est pas dangereuse, juste inesthétique.
Pour l'éviter, une fois la pâte dans le moule, il convient d'en couvrir la surface. On conseille souvent le film plastique alimentaire. Personnellement avec ce type de film, je suis comme le capitaine Haddock et son sparadrap...Je ne sais pas m'en dépêtrer ! Je préfère utiliser un sac congélation que je découpe à bonne taille, en veillant à ne pas mettre les éventuelles inscriptions côté savon. C'est plus pratique je trouve.
La cure
Autre question métaphysique...Depuis des lustres, que dis je des siècles, non des millénaires, on fait curer le savon, à savoir qu'on le laisse reposer un certain temps après sa fabrication. A mon sens, le but est non seulement d'avoir la certitude que la réaction de saponification soit totale et que le savon ne soit plus caustique (nos ancêtres ne disposaient pas de papier PHmètre), mais aussi de faire sécher le savon afin qu'il durcisse et ne s'use ensuite pas trop vite. Alors, même si il est possible d'utiliser le savon rapidement après sa fabrication selon des savonnières expérimentées, je le fait toujours reposer au moins 4 semaines.
On constate que le savon évolue pendant ce laps de temps et même parfois encore au-delà...
Le contrôle du pH
Autrement dit...Comment vérifier que mon savon n'est plus caustique, qu'il ne va pas agresser la peau ?
Le pH d'un savon maison peut aller jusqu'à 11, là je trouve que ça décape sévèrement. Pour ma part, je vise un pH de 9, moins c'est encore mieux. En choisissant un bon surgraissage et des ingrédients adoucissants, on y arrive.
Pour vérifier ce pH, plusieurs techniques plus ou moins "artisanales" :
Utiliser un pHmètre...ben oui forcément hein... Mais c'est un investissement et cela ne vous dispensera pas de frais ultérieurs car il faut réétalonner la bête régulièrement grâce à des solutions spéciales qu'il faut donc acheter. En plus j'ai du mal à imaginer comment on fait pratiquement parlant...On ne peut pas planter le pHmètre dans le savon ?
Utiliser du papier pH : il s'agit de papier spécifique imprégné de substances qui vont réagir au contact d'une solution et changer de couleur en fonction du pH. Une échelle colorimétrique fournie avec permet de déterminer le pH.Pour l'utiliser, je mouille la surface de mon savon, je fais un peu "mousser" et j'applique un petit bout de papier.
Autres techniques : le test de la langue et la phénophtaléine. Voir sur le site de Dermanova
Si votre savon est trop caustique (trop alcalin, avec un pH trop élevé...), vous pouvez prolonger la cure et refaire un test ultérieurement. Si décidément le pH ne baisse pas. Il vous reste à râper votre savon pour l'utiliser en lessive pour le linge.
Voilà, cette fois, j'ai dû faire le tour... Bientôt je complèterai avec une liste de liens intéressants !
Source images :lignes, lunettes, thermomètre, sablier, papier pH