Les festivals sont l’occasion de se présenter devant une salle de cinéma avec à peine une petite idée, et même parfois moins, du sujet du film. On est là, au pif, juste en faisant confiance au sélectionneur qui a programmé tel ou tel film pour nous le faire découvrir. Avec le plaisir de la découverte, que ce soit pour les films en compétition ou pour ceux qui sont présentés en avant-première hors compétition. C’est le cas de ce « Chambre 1408 », d’un certain Mikael Hafström, illustre inconnu suédois passé en Amérique. On sait juste que sa place se situe quelque part entre le genre horreur et le genre fantastique. Ca fait bien court, quand même.
Affiche France (cinemovies.fr)
Malgré toute la persuasion d’Olin, Mike insiste et finit par obtenir la chambre dont on lui apprend que nul n’y a résisté plus d’une heure. D’abord dépité par la grande banalité de la chambre, Mike réalise rapidement qu’il s’y passe des choses étranges. En particulier avec le dérèglement subit du radio-réveil qui se met en position « compte à rebours » et commence à égrener le temps à partir de 60 minutes. Commence alors une montée en charge des calamités, à commencer par le blocage de la porte d’entrée interdisant toute échappatoire, puis avec une succession de cauchemars de plus en plus éprouvants, replongeant Mike dans son passé récent, avec la mort de sa fille Katie (Jasmine Jessica Anthony) et la séparation d’avec sa femme Lily (Mary McCormack).
Afiche USA (cinemovies.fr)
Disons le carrément et sans fausse honte, si j’ai gardé une certaine attirance pour le cinéma fantastique, j’ai lâché l’affaire des films d’horreur depuis Boris Karloff. Je n’ai entendu parler de Carlos Romero et de Mario Bava que depuis peu. Je ne me suis avalé un film de chacun jusqu’au bout que très récemment et par pur souci documentaire. Et avec le sentiment, pendant le film et à son issue, d’une navrante perte de temps. Enfin, ce n’est que mon avis, je sais, mais je le partage complètement … En tout cas, tout ça pour dire d’où on part dans cet avis hautement éclairé.
Durant la version précédente du festival de Deauville, je m’étais d’ailleurs fait prendre au même piège avec un film du même acabit qui répondait au doux nom de « Pulse ». De mémoire, il me semble que la plus grande partie de mes commentaires de l’époque pourrait sans grand changement s’adapter au film d’aujourd’hui, si ce n’est une qualité nettement supérieure des effets spéciaux ici. Epargnons-nous donc le fastidieux travail de répétition, et renvoyons simplement les plus courageux à l’original.
Il serait par contre bien plus amusant de se demander ce qui se cache derrière cette accumulation de catastrophes effrayantes. Qu’est-ce qui guide la progression d’une frayeur à la suivante ? Y a-t-il une logique dans cette affaire, ou les choses s’enchaîne-t-elles sans autre ordre que dans un cauchemar, sans autre fil conducteur que la montée du taux d’adrénaline plasmatique ? A cette question, en dehors d’un rappel aux liens familiaux, avec le père, l’ex-femme, la fille morte, je ne vois pas bien de réponse évidente. S’agirait-il donc d’une façon d’aborder les difficultés des liens affectifs ? La phrase du père cauchemardé dans sa chambre d’hôpital et depuis son fauteuil roulant, disant à Mike « Tu es comme j’étais ; je suis comme tu seras » est-elle une clé qui doit nous ouvrir le coffre où est cachée la solution ? Une clé qui risque de se briser dans la serrure à l’image de la clé de la porte de la chambre ? Le tourbillon qui déverse des paquets de mer dans la chambre de Mike et manque de le noyer a-t-il quelque chose à voir avec un liquide amniotique inversé, porteur de mort plus que de vie ? Le réveil de Mike sur un lit d’hôpital après cette noyade serait-il un substitut de naissance au sortir de la salle de travail ?
La persévérance des catastrophes malgré le passage par l’eau, soit brûlante soit source de noyade, par la terre, avec l’envahissement de l’écran par les cendres de Katie, par l’air, avec la tentative déjouée de Mike de s’échapper par les gaines de climatisation de la chambre, ne prend apparemment fin qu’avec le passage par le feu qui dévore la chambre, comme le fer rouge d’une cautérisation Des quatre éléments classiques, seul le dernier semblerait offrir une porte de sortie. Serait-ce pour signifier la proximité d’un retour vers le réel avec une entrée en enfer, le siège des flammes éternelles ?
Autant de questions sans doute plus intéressantes que de simplement se laisser immerger sous des vagues d’épinéphrine, mais … Mais il se fait tard, et après tout, plutôt que de disserter à l’infini, si on disait simplement que ce film m’a copieusement gonflé, est-ce que ça n’irait pas plus vite ?