Stanislaw Wisniewski, Okno (cl. Jérôme Delatour - Images de danse)
La compagnie Stanislaw Wisniewski a connu un certain succès au festival d'Avignon en 2006 avec le solo Le monde septembrisait en octobrisant lentement vers novembre (que les Parisiens pourront découvrir à Artdanthé le 21 janvier prochain). Elle revient avec un nouveau projet, Okno, interprété par Cécile Pégaz et Ryszard Kalinowski. Okno, en polonais, veut dire fenêtre. Il est question de la télévision. Devant elle les interprètes d'Okno exécutent un mystérieux rituel circulaire, discrètement obsessionnel, de fascination. D'adoration peut-être. Sur le poste allumé passe, entend-on, Décalogue 1 de Kieslowski, un compatriote. Décalogue 1 illustre le premier commandement de Dieu, dans sa version catholique : "un seul dieu tu adoreras".
Partant du fond de scène, en procession dansée jusqu'à cet escarbot noir et fluorescent qui nous tourne le dos, ils marquent une pose devant lui, pour repartir et revenir varier leur procession. Parfois inexpressifs, parfois non. Sont-ils en couple, moralement avachis sur un canapé invisible ? Oui et non. Elle menue, lui colosse, Adam et Eve un peu distants, mais pas vraiment apathiques, peut-être même attentifs, juste un peu aveugles à nous. Hypnotisés peut-être, programmés, vidés de sentiments comme leurs sous-vêtements de leurs couleurs, sucés par le petit écran. Puis à coups de néon, ils se la jouent Star Wars comme un prépubère en chambre.
Il ne s'agit certainement pas de dénoncer la télé. La télé - quel sujet étrangement inactuel d'ailleurs ; et cet imposant poste nous rappelle à des temps antédiluviens. Nostalgie polonaise ? La télé elle-même fait déjà presque partie du passé. L'essentiel se joue désormais ailleurs, et sur un mode bien différent - le leitmotiv actuel, un peu forcé il est vrai, étant que le téléspectateur n'est plus passif devant un programme qu'il doit ingurgiter du début à la fin, ni même zappeur surfant pour contrarier ce déprimant destin, mais un homo consommaticus déterminant librement ses programmes, le temps et le lieu de leur consommation.
Pourquoi, du reste, Cécile Pégaz revêt-elle soudain d'antiques patins à glace ? Mystère. Tout cela est un peu hermétique. Reste deux danseurs beaux et attachants, une danse gracieuse, traversée de gestes sémaphoriques, qui se laisse regarder.
♥♥♥♥♥♥ Okno, de Stanislaw Wisniewski, a été donné en avant-première à Micadanses le 30 septembre 2008 puis du 6 au 18 octobre 2008 au centre culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin, qui diffuse un petit dossier de présentation bien fait sur la pièce.
Retrouvez ici Okno en images