Hier soir, en partenariat avec Allociné, dans les locaux de France Télévisions était organisée une projection en avant-première des deux premiers épisodes de la série « Clara Sheller » créée par Nicolas Mercier en 2004 (dont France 2 diffusera prochainement la deuxième saison, je vous informerai des dates le moment venu) en présence du scénariste et des comédiens Zoé Félix et François Vincentelli. Ces deux épisodes s’intitulent « Petite musique de mensonge » et « Une autruche en décapotable ».
L’intrigue de cette saison 2 se déroule trois années après la première saison. Clara Sheller a désormais 33 ans. Elle vit désormais avec Gilles (François Vincentelli) tandis que JP (Patrick Mille), son ancien colocataire et meilleur ami homosexuel (lui aussi amoureux de Gilles) avec lequel elle travaille à L’Hebdo habite dans l’appartement au-dessus et recherche toujours l’âme-sœur…
Je n’avais vu que quelques bribes de la première saison dont le casting me semblait être une des qualités premières. Le changer entièrement était donc un pari risqué avec notamment Zoé Félix reprenant le rôle de Clara Sheller tenu par dans la première saison par Mélanie Doutey. François Vincentelli remplace Thierry Neuvic et Patrick Mille reprend le rôle auparavant tenu par Frédéric Diefenthal. Et le pari est réussi… Certes il m’a fallu quelques minutes pour m’adapter à ce personnage aux synapses parfois déconnectées mais finalement pétillante, espiègle et attachante apportant un vent salvateur de folie parmi les personnages un peu trop sages des séries françaises. Clara ment comme elle respire, enchaîne les gaffes et les maladresses, ne veut pas s’engager et surtout pas grandir. Cela tombe mal : son compagnon Gilles rêve d’un bébé sans compter que L’Hebdo, le magazine pour lequel elle travaille, subit un audit et qu’elle se retrouve à partager son bureau avec une nouvelle journaliste, plus jeune, plus sérieuse et déjà mariée (interprétée par Cécile Cassel qui interprète la peste à merveille).
MATURITE. Voilà le sujet de cette deuxième saison : Clara a trois ans de plus que dans la première saison et elle se retrouve tiraillée entre l’envie de s’amuser et celle de grandir (Le mot maturité revient d’ailleurs un nombre incalculable de fois, peut-être un peu trop pour une série qui fait pourtant confiance à l’intelligence du spectateur !) Derrière son apparente légèreté, la série « Clara Sheller » ne néglige cependant pas la complexité de ses personnages entre difficulté de grandir, préjugés, incompréhension parentale et donc blessures d’enfance (Bernard Lecoq est parfait en père irascible et réactionnaire de Gilles et Charlotte de Turckeim parfaite en mère déjantée de JP) pression sociale, réalisation de soi et ambigüité des sentiments qui génère des conflits pour chacun des personnages. Dans le second épisode, les personnages dévoilent ainsi leurs failles sans qu’il soit pour autant moins drôle, disons qu’il y gagne en gravité légère. Dans la voix off, Clara relate ses journées et les situations inextricables dans lesquelles ses mensonges la plongent, apportant ainsi un regard décalé et souvent ironique, tantôt drôle, tantôt émouvant.
La série réussit la gageure, rare pour une série française, d’être acidulée sans être mièvre, décalée et en prise avec son époque, parisienne sans être parisianiste, tout public sans être lisse, légère et parfois grave. Si certaines situations et certains personnages sont délibérément caricaturaux, passent quelques vérités et remarques plus acerbes énonçant quelques lieux communs pour mieux en souligner l’absurdité.
Paris ressemble à une jolie carte postale éblouissante. Les tenues vestimentaires de Clara Sheller sont joyeuses et colorées. La bande originale est particulièrement réussie, elle aussi dans l’air du temps (Katerine, David Guetta, Benjamin Biolay…) Au final une série qui sait capter l’air du temps, meilleure et beaucoup plus drôle et audacieuse que la plupart des comédies aseptisées qui sortent au cinéma, et cette Clara-là nous semble finalement réelle et familière malgré (à cause de) ses réjouissantes excentricités, grâce aussi à l’interprétation étincelante de Zoe Félix.
Je regarderai la suite. Espérons que Clara saura rester fantasque et iconoclaste, grandir en gardant son espièglerie enfantine… et que la maturité ne la rendra pas ennuyeuse, ne la fera pas trop rentrer dans le rang, comme beaucoup de ses congénères, réelles ou fictives. Ces deux premiers épisodes me laissent bon espoir de la voir poursuivre son joyeux désordre, grandir sans vieillir …
Précisons que cette saison 2 a reçu le prix de la meilleure série de prime time au Festival de la Fiction TV 2008.
Merci à Allociné et France Télévisions pour cette soirée très sympathique et aux autres cinéphiles pour les conversations passionnantes qui ont suivi jusqu’à l’extérieur de France Télévisions…
Liens :
La page Clara Sheller du site internet de France Télévisions
La page Allociné consacrée à Clara Sheller
Vous pouvez ou pourrez également trouver un récit de cette soirée notamment sur les blogs suivants : Les Nouveaux Cinéphiles, Voisin Blogueur, Cinémaniac.
A suivre sur « In the mood for cinema » : la critique en avant-première de « Secret Défense » de Philippe Haïm vu ce matin lors de l’unique projection presse organisée par UGC.